La PNL n’a aucun effet à long terme

(28/10-2014) – Si on regarde la mode des années 90 (et même celle du début de ce siècle), cela n’a été que des  » Best of  » (des disques d’or).

La mode est à peu près la mode des années 70, pas vraiment de nouveauté. Même le rap n’est pas nouveau, j’écoutais Shugarhill Gang fin 70, ils ne furent connu en France qu’en 1980 avec leur tube Rappers Delight. Les artistes nous sortent des  » remix  » de leurs vielles chansons, ou de celles des autres.

Un remix est lorsqu’on prend une vielle mélodie, qu’on y rajoute une boîte à rythme qui fait  » Piiiis-ton – piiiis-tache – piston – pistache  » et pan ! Un nouveau hit ! La Star Academy ou les Pop-Star massacrent des chansons des années 70, qui pourtant n’étaient d’ailleurs pas trop mal.

Les films qui sortent ne sont plus seulement le numéro 2, 3, 4, 5, 6… de la série mais des  » remakes  » de vieux films : Fist of Fury avec Jet-Li (Remake de la fureur de vaincre avec Bruce Lee, également un film des années 70), remake de divers films de Hitchcock ou autres. Bref… Le monde se tord le cou pour regarder en arrière plutôt que d’avancer.

La PNL, Programmation Neuro Linguistique (ou Psychologie Neuro Linguistique comme certaines écoles l’appelle) est exactement cette manière de voir les choses.

C’est un  » Best of » qui utilise des méthodes et des théories venant de différentes écoles sans prendre en considération d’où ces méthodes et théories viennent et sans y ajouter quoi que ce soit. La méthode est surtout orienté vers l’intérieur et le passé.  » Best of Psychotherapy « , pourrait-on l’appeler.

La PNL est, bien entendu, sortie bien avant les années 90, où elle a vraiment commencé à faire parler d’elle. La méthode date des années 70, bien sûr ! C’est aussi une des raisons pour laquelle elle a ce succès.

Mais est-ce que la PNL est une méthode efficace ? La pub autour de la PNL laisserait penser que c’est une méthode quasi-universelle. Elle peut combattre notre peur des araignées ou des serpents, nous faire perdre du poids et même combattre les allergies.

La question est : est-ce que cela fonctionne ? Si oui, pourquoi ?

De Epictète à aujourd’hui

Je laisse les régimes et les allergies de côté pour l’instant, nous en reparlerons plus tard.

Epictetus, qui vivait plus ou moins en l’an 100 de notre ère a écrit un jour : – On ne devient pas malade de ce qui se passe autour de nous, mais de notre manière de le voir.

Nous avions jusqu’ici pris le principe qu’un déclenchement, qu’une action spéciale, que nous pourrions appeler A (pour Action) nous amenait à une certaine émotion appelée C (pour Conséquence).

Mais est-ce un point de vue correct ?

C’est donc à dire que la vue d’une arachnide (A) fera paniquer n’importe quel être humain de sexe féminin (C)?

Cela veut donc aussi dire que le fait de devoir aller à un entretien d'embauche (A) donne mal au ventre, des palpitations et augmente la possibilité que l’on dise des bêtises et donc que ce beau boulot nous passe sous le nez (C)?

Cela n’est pas vrai, bien sûr. Certaines (même beaucoup !) de femmes n’ont pas peur des araignées et certains autres, bien que n’étant pas à l’aise avant d’aller à un entretien ne courent pas aux toilettes constamment et ne paniquent pas rien que d’y penser.

Ce n’est donc pas le déclenchement, l’action (A) qui décide de nos sentiments, mais autre chose.

Entre le déclenchement (A) et la conséquence (C), il y a autre chose : Nos pensées, ou plutôt, nos convictions (B).

Ceci veut dire que nous ne réagissons pas par rapport à l’action (A), mais par rapport à la conviction (B) que nous avons de ce déclenchement.

 

Reprenons l’exemple de l’entretien d'embauche. Disons que Charles vient de recevoir une lettre lui disant que demain, on l’attend pour un entretien.

A (déclenchement): Je dois aller à un entretien.

B (convictions): Le reste de ma vie dépend de cela. Si je n’ai pas ce boulot, nous n’aurons pas assez d’argent, je ne pourrai pas payer la voiture, l’électricité… Nous ne pourrons pas faire face à tous les frais que nous avons eu ces derniers temps… Nous serons à la rue.

C (conséquences): anxiété, nervosité, blocage total, le pauvre homme se voit déjà dépouillé de ses biens par un huissier sanguinaire et donc : Très petite possibilité de se sortir de cet entretien avec le boulot en mains.

Autre possibilité:

A (déclenchement): Je dois aller à un entretien

B (convictions): Mon Dieu! C’est un entretien extrêmement important. Si je rate le coche, cela sera très dur et il nous faudra sûrement changer certaines de nos habitudes que nous aimions si bien. Ce sera compliqué et extrêmement désagréable.

C (conséquence): Pas trop sur de soi, mais quand même, pas bloqué. Beaucoup plus de possibilité de sortir de cet entretien avec le boulot.

Remarquez que l’on n’a pas, comme beaucoup pourraient le croire, renversé le négatif en positif.

Pourquoi ? Tout simplement parce que certaines situations de la vie quotidienne sont négative, gênantes et désagréables. Pourquoi devrait-il en être autrement ? Même si la vie peut être une danse sur les roses pour certains, celles-ci ne sont pas dépourvues d’épines et aucune loi de l’univers ou d’ailleurs ne nous promet une vie sans problèmes.

Fuite ou adaptation

Lorsqu’une situation désagréable ou compliquée se présente, nous n’avons, en fin de compte, que deux possibilités : nous y adapter ou la fuir.

S’adapter à une situation peut vouloir dire accepter que quelque chose soit arrivé, bien que ce quelque chose soit désagréable. Cela peut aussi vouloir dire que l’on doive combattre et essayer de changer cette situation.

N’oubliez pas que nous avons besoin des ces sentiments désagréables, comme l’inquiétude, le manque d’assurance, l’irritation… Ces sentiments nous indiquent quelque chose de très important, entre autres qu’une situation donnée est désagréable ou dangereuse et que l’on doive mettre de la distance ou la changer.

Il est important, si par exemple je pose ma main sur une plaque chauffante, que j’enlève mes doigts. Quelques personnes ont un manque dans leur système nerveux, ce qui veut dire qu’ils ne ressentent pas le mal. Ils ne remarqueront donc pas qu’ils ont la main qui repose sur une plaque à 800 degrés. Le résultat est celui qu’on imagine mais à la différence des dessins animés, les personnes ayant cette maladie meurent à un âge assez jeune.

Tout comme le système nerveux est mon guide à éviter certaines choses, les sentiments désagréables sont également des indicateurs. C’est comme cela que je comprends que je dois me tenir à distance de certaines situations ou bien essayer de les changer.

Fuite et diversion

Mais si je ne suis pas sûr de moi-même et donc que je m’imagine que je ne pourrais pas contrôler ce qui se passe, ou tout simplement si je désire éviter le désagrément de la situation, je vais essayer de fuir.

Il y a plusieurs méthodes de fuites. On peut enlever A. c’est-à-dire, tout simplement éviter la situation. On peut ne pas aller à cet entretien, on peut appeler son mari pour écraser la pauvre araignée (mais dans ce cas on aura un problème le jour où il ne sera pas là pour le faire), etc.

Ceci ne nous avance pas trop, pour la bonne raison qu’on n’apprend jamais à surmonter une situation donnée. De plus on se prive d’autres expériences positives, comme un bon boulot, la possibilité de grandir et de se développer, de vaincre certaines de ses limites…

L’autre possibilité est la diversion.

Cela veut dire que si j’ai vraiment peur, j’apprends à respirer d’une certaine manière et à me relaxer. Si je suis en train de m’énerver, je vais faire un tour, si quelque chose contrecarre mes plans, je vais boire une bière ou deux ou, si je suis en train de devenir nerveux, j’allume une clope.

Tous ces exemples sont des diversions. Il y a, bien entendu, des diversions saines et d’autres qui sont moins saines. Mais bien qu’une diversion puisse être un maillon dans la chaîne du changement, celle-ci ne pourra jamais être un traitement ou une amélioration.

Il n’y a pas grande différence entre se saouler lorsque quelque chose ne va pas, sortir et courir dans la forêt lorsqu’on est en colère et s’enfermer derrière un mur de silence lorsqu’on est vexé. Le problème ne change pas et on n’apprend pas à le résoudre de cette manière.

L’absolu et le point de vue

Il est donc important de voir et de comprendre les choses de manière moins absolue. Il faut comprendre que rien n’est si horrible que l’on ne puisse pas vivre avec ou apprendre à le résoudre. Il est important de comprendre que le monde, ici bas, n’est pas toujours une partie de plaisir et que, en fin de compte, personne ne nous l’a promis… bien au contraire !

Tant que l’on n’a pas ce point de vue, on n’avancera pas. Tant que je ne veux pas comprendre qu’une araignée est moche, mais que je puis facilement la prendre dans un essuie-tout et la mettre dehors (les araignées étant des animaux extrêmement utiles, je refuse de les écraser) et survivre, bien que je n’ai pas besoin d’aimer cela. Lorsqu’on comprend que rien n’est horrible mais que certaines choses sont désagréables, voire très désagréables, on peut avancer.

La leçon importante est d’apprendre que l’on peut résoudre les situations de la vie que l’on n’aime pas ou dont on a peur. C’est de cette manière qu’on apprend et qu’on évolue.

Voyons cela logiquement: Si on n’avait pas appris que cela fait mal de tomber et que l’on doit essayer de l’éviter. Si on ne s’était pas relevé et si on n’avait pas réessayé, on n’aurait jamais appris à marcher. Nous nous développons au travers des difficultés et des problèmes que l’on apprend à résoudre, pas au travers de ceux qu’on évite.

Dans beaucoup de diversions, aussi celles qui sont saines, on apprend à voir la situation comme autre que celle qu’elle est.

Moi, moi, moi et moi

Prenons, par exemple, la technique PNL de mettre en relation quelque chose de positif avec un certain mouvement, par exemple, me prendre le poignet. J’apprends que chaque fois qu’une certaine situation se présente, je dois me prendre le poignet.

Est-ce que cela veut dire que je gère la situation ?

Non, pas du tout! Ceci est une diversion qui ne change en rien ma vue sur les choses. Je vois toujours les araignées comme des monstres horribles et velus mais je me suis reprogrammé de manière à agir d’une autre façon. C’est-à-dire que je n’ai pas avancé d’un iota. Que je me tienne le poignet ou que je boive une bière pour me donner du courage afin d’oser une confrontation à l’araignée est en fin de compte la même chose. Force m’est néanmoins d’admettre qu’il est plus sain de se prendre de poignet que de se noyer dans l’alcool.

Il nous faut comprendre que le monde et les autres ne sont pas là pour nous ou pour nous rendre la vie agréable. D’ailleurs, la plupart du temps, les autres compliquent pas mal la situation.

La société moderne fait que nous avons nos aises. Nous vivons bien mieux ici, en France, que dans certaines contrées lointaines ou la vie d’un homme ne vaut pas grand-chose. Nous sommes habitués au luxe, tels de gros matou castrés au coin du feu qui ne sont plus obligés de se battre journellement afin d’avoir un tant soi peu à se mettre sous la dent. Regardons le problème les yeux dans les yeux, nous sommes des poule(t)s de luxe et nous sommes prêts à tout afin d’éviter les menus problèmes de la vie quotidienne. Le monde doit nous être agréable et de plus, nous devons arriver à nos fins facilement.

La PNL propose ce genre de solutions. Une solution dans laquelle nous sommes divertis de ce qui est le cœur du problème. Une solution dans laquelle je suis au centre, dans laquelle je puisse revenir dans mon passé, aller y chercher des expériences positives et me remonter grâce à elles.

Ceci n’est pas un développement, c’est une diversion. Cela veut dire que l’on est obligé d’utiliser cette technique toujours. On n’obtient rien. On ne change pas, on ne se développe pas. On pourrait dire que la PNL nous fait nous sentir mieux, mais pas aller mieux.

Régime et allergie

Et les régimes alors ? Et les allergies ?

Ces deux sujets demandent un article chacun, mais on peut quand même observer que certaines personnes qui sont passé au travers de la PNL ont maigrit. C’est vrai. Mais vu de cette manière, et en y regardant bien, beaucoup de personnes qui sont passé au travers de pas mal de régimes incroyables ont maigri aussi !

Qu’est-ce qui marche dans le régime ?

Le point le plus important est, bien entendu, de changer ses habitudes alimentaires, mais le point le plus important reste, que le sujet qui désire maigrir change son point de vue. C’est-à-dire, en bon français : Qu’il se décide à changer.

Si seul le changement d’alimentation était essentiel, le régime infaillible qui fonctionne pour tout le monde aurait déjà été inventé depuis longtemps. Le régime, tout comme tant d’autres choses, repose sur deux choses essentielle : Il s’agit de trouver celui qui est le plus en accord avec son tempérament et surtout, travailler ! C’est seulement dans ce cas, que cela fonctionnera.

Ce n’est donc pas la PNL qui amaigrit, mais le fait que, si on y croit, on change son point de vue. Mais dire que la PNL peut faire maigrir est la même chose que de dire que les patchs de nicotine vous font arrêter de fumer.

Ces deux choses sont seulement des moyens que l’on peut utiliser, mais ils ne fonctionnent pas si on ne change pas.

Pour ce qui est des allergies, on remarquera que le degré de celles-ci change en accord avec l’état d’esprit que l’on a à un moment donné. Moins on se sent bien dans sa peau et plus on court le risque d’une éruption allergique quelconque. Plusieurs maladies cutanées sont comme cela. Les gens souffrant de psoriasis le diront, le psoriasis est plus agressif lorsqu’ils sont stressés ou se sentent mal dans leur peau.

Ceci ne veut, bien entendu, pas dire que toutes les allergies sont psychiques, mais que certaines le sont et que les allergies peuvent s’aggraver ou s’améliorer en fonction de notre état psychologique.

Et qui est responsable de cet état ?

Le passé ? Le thérapeute ? Le monde ? La société ? Les autres … ou soi-même ?

Le jour où on prend la responsabilité de sa vie et de soi même, de son état physique comme de son état psychique, on pourra voir comment on peut soi-même vivre mieux et se développer.

La leçon à retenir est que de se développer plus loin que ces méthodes qui vous incitent à croire que le développement est une vie sans problèmes, sans peine, sans désagrément et nous ayant en son centre, et surtout, surtout, apprendre à changer de point de vue.

Cyril Malka

© Cyril Malka 2000 – 2001- 2003 – 2014 – Publié dans le trimestriel danois Det Nye Dialog – Janvier 2001 – Retravaillé en octobre 2014

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