La lutte contre l’alcoolisme n’est pas nécessairement difficile, longue et chère

(26/01-2016) – D’après une étude qui date de dix ans dans le journal de l’association médicale américaine (JAMA – The Journal of the American Medical Association), mais dont on n’a pas beaucoup parlé, les alcooliques motivés pour arrêter ont été capables de fortement réduire ou d’arrêter de boire, quel que soit le traitement utilisé. Même le placebo a donné de bons résultats.

Les résultats obtenus par les chercheurs portent à penser que les alcooliques déterminés à arrêter, s’ils rencontrent un médecin ou une infirmière afin d’êtres guidés, ils peuvent arrêter de boire sans faire les frais de traitements onéreux dans un centre spécialisé.

L’étude qui a duré plus d’un an a porté sur 1 383 alcooliques qui ont suivi un traitement de 16 semaines. Les 1 383 personnes ont été divisées en 3 groupes.

– Un groupe ne recevait que de la psychothérapie.
– Un groupe recevait de la psychothérapie, un soutien médical et des médicaments.
– Un groupe recevait un soutien médical et des médicaments (aucune psychothérapie).

Chaque groupe recevant des médicaments était divisé en quatre sous-groupes, trois d’entre eux recevaient des médicaments différents, et un d’entre eux recevait du placebo.

La seule chose que ces personnes avaient en commun était qu’elles voulaient absolument arrêter de boire. C’était ce critère qui était l’élément clef.

Les 1 383 personnes avaient été sélectionnées par ce critère d’entre 4 965 volontaires.

En analysant les résultats, il s’est avèré que le pourcentage des personnes ayant arrêté était à peu près le même dans toutes les situations.

Donc, si la motivation y est, peu importe le traitement et il n’est donc pas nécessairement coûteux.

Le traitement le plus efficace était le Naltrexone ainsi qu’un contact régulier avec le corps médical.

Le traitement au placebo, également avec un contact régulier avec le corps médical, était tout aussi efficace.

Une artiste de 58 ans (qui désire rester anonyme) et qui prenait du placebo chaque jour a expliqué que cela l’aidait à rester focalisée sur le travail qu’elle devait faire sur elle et que le but était d’abandoner cette habitude.

D’après les chercheurs, l’étude ouvre tout un éventail de possibilités pour les personnes recherchant un traitement.

Il est important de noter, qu’on obtient les mêmes résultats en utilisant le traitement placebo. Ceci en revient au premier principe de la thérapie : on ne peut pas aider les patients en allant contre eux, et le travail sans motivation ne mène à rien.

L’article a suscité une vague de critiques. Certains critiques pensent que le fait de ne pas boire pendant plusieurs mois ne prouve rien.

À cela, les chercheurs opposent qu’il est plus facile de rester sobre une fois qu’on l’est devenu et que plus le temps passe et plus c’est facile.

Après la première année, certains des patients ont recommencé à boire, mais avec modération, ce que les chercheurs ont considéré comme étant une consommation normale d’alcool.

Le docteur Stuart Gitlow, un spécialiste des dépendances à l’école de médecine de Mount Sinai, à New York, n’est pas impressionné. Il trouve ces résultats sans valeur.

D’après Gitlow, l’alcoolisme est une maladie qu’on a pour la vie : « – On boit, ou on ne boit pas. L’alcoolisme, c’est comme une grossesse : On l’est ou on ne l’est pas, il n’y a pas de juste milieu. », dit il. Ce en quoi beaucoup de thérapeute, moi inclus, ne sont pas d’accord.

Ce point de vue ne peut empêcher de soulever des questions : un ancien alcoolique buvant 2 apéritif et une bière par jour est toujours un alcoolique, mais une personne n’ayant jamais eu de problème d’alcool mais buvant autant n’est pas un alcoolique ? Quel est le critère ?

L’alcoolisme touche 5 millions de personnes en France (chiffre de 2013). (Cyril Malka).

L’article de JAMA peut être téléchargé d’ici (en anglais).

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