Êtes-vous dépendante affective?

(07/03-2018) – Anne est dans une relation problématique depuis des années. Ça fait également des années qu’elle est malheureuse, et pourtant, elle a du mal à lâcher le morceau. Elle reste, car elle s’imagine toutes les bonnes choses qu’ils pourraient vivre ensemble tous les deux, et parce qu’elle espère que son partenaire changera.

Isabelle est malheureuse dans son couple. Elle a l’impression que son mari se distance d’elle et elle se bat désespérément afin de diminuer la distance qui les sépare. Mais elle a l’impression que rien n’y fait.Élise est une monogame en série. Elle tombe constamment amoureuse d’hommes qui l’évincent, qui la diminuent et qui la traitent comme une moins que rien.

Trois résumés d’histoires de femmes et de leur relation. On pourrait penser que ces trois cas sont très différents.

Ils le sont aussi, à première vue.

Mais si vous regardez bien, vous verrez que ces trois histoires ont un point commun: ces trois femmes utilisent la plus grande partie de leur énergie à se demander ce qui ne va pas chez elles. Elles ne comprennent pas pourquoi leur partenaire ne change pas pour elles. Elles sont obsédées par leur relation et elles sont dépendantes de l’amour dont elles rêvent… Même s’il n’est pas au rendez-vous.

Ces trois femmes sont dépendantes de l’amour. Elles sont dépendantes affectives.

Comme toute autre dépendance

On peut tout à fait comparer la dépendance affective à la dépendance à l’alcool ou à la drogue.

Lorsqu’on est dépendante affective, on vit pour les quelques moments où la relation donne un sentiment de shoot, un bien énorme. C’est généralement au début de la relation, lors des deux ou trois premiers mois, maximum, même s’il peut y avoir des petites périodes de mieux au cours de la relation.

En règle générale, si vous êtes une dépendante, vous êtes dans une relation qui est relativement conflictuelle et qui a constamment des hauts et des bas.

Vous devenez de plus en plus dépendante. Vous restez dans la relation destructrice même si vous savez que ça n’est pas une bonne chose. Vous finissez par être obsédée par la relation et vous faites tout pour qu’elle marche.

Pendant ce temps, votre confiance en vous s’effrite de plus en plus.

Si vous pouvez vous séparer, vous y revenez souvent ou vous vous trouverez un autre partenaire qui ne vous traite pas mieux.

On est également dépendante affective lorsqu’on est convaincu qu’il est nécessaire pour nous d’être dans une relation pour être bien.

Dans plusieurs des commentaires sur mes pages, et souvent, en thérapie, mes clientes expriment le souhait de vouloir aider leur partenaire à devenir la personne qu’elles aimeraient qu’il soit et le plus souvent, elles deviennent maternelles et elles essayent de tout contrôler. Cette envie de contrôle est une part importante de la dépendance affective. Car chaque chose que vous ne contrôlez pas est un risque de perdre l’objet aimé.

Dans toute relation, donc aussi dans une relation saine et stable, il y aura, bien entendu, des moments où on se sent abandonnée ou déçue et ça peut aussi faire mal de temps à autre. Mais on est capable de se ressaisir, car on sait que le partenaire ne peut pas répondre à tous nos besoins. Il n’est ni papa, ni maman, ni Dieu, mais un être humain avec ses failles et ses défauts.

Ce qui se passe généralement c’est qu’on trouve d’autres façons de se satisfaire, de combler certaines failles, au lieu de se perdre et de finir à la dérive.

Mais pour la dépendante affective, les choses ne marchent pas de la même façon. Elle se voit comme insuffisante, comme pas grand-chose… comme nulle, en fait et elle aura une tendance inconsciente à trouver des partenaires qui lui confirmeront tout ça. Les  dépendantes affectives seront donc souvent attirées par des hommes qui manquent d'empathie et qui les maltraitent. Elles tomberont souvent amoureuses d’hommes à tendances narcissiques, voire de sociopathes.

D’où vient cette dépendance?

On trouvera cette dépendance chez les femmes qui, depuis leur enfance, ont pensé, cru ou ont dû répondre aux attentes de leurs parents pour avoir de l’amour.

La dépendante affective a appris dès un très jeune âge à se sentir nulle, car elle n’était pas acceptée telle quelle. Il n’était pas suffisant d’être elle pour être aimée.

Le problème est que ces femmes continuent à se dire ce genre de choses et continuent à croire qu’elles sont nulles ou qu’elles ne valent pas le coup d’être aimées.

Au début de la relation, surtout avec un narcissique ou un sociopathe, les choses sont toujours incroyables et fantastiques. Le partenaire lui gonfle son ego et elle se sent affirmée. Mais, dans toutes ces relations, cela ne marche qu’au début, juste le temps qu’elle morde à l’hameçon et une fois cela fait, les choses changent vite et on retombe dans le schéma des vieilles habitudes: tu ne vaux rien. Tu es nulle.

Voir aussi le texte: Fréquenter un sociopathe

Comment s’en sortir?

La recette pour pouvoir s’en sortir et pour avoir une relation saine est d’apprendre à être indépendante. Il est temps de grandir et de devenir adulte et de se dire qu’on n’est dépendante d’absolument personne et qu’on peut parfaitement se débrouiller seule.

Oui, bien sûr, il est bien naturel de vouloir avoir un partenaire, et la vie est souvent plus facile et plus agréable à deux, mais cela ne veut pas dire qu’on doit être dépendant l’un de l’autre. Il n’est pas nécessaire d’être dépendante d’une personne donnée.

Oui, nous étions dépendants de différentes personnes étant enfants, mais nous ne le sommes plus en tant qu’adultes. Même s’il est agréable d’être aimée, appréciée et entourée, ce n’est pas un besoin.

Voir aussi le texte: Êtes-vous une cornichonne d’amour?

La plupart d’entre nous se débrouillent bien dans la vie, mais lorsqu’on parle « amour », les choses tombent vite en digue-digue. Il y a toujours beaucoup de femmes en recherche de leurs parents ou de l’amour de leurs parents. Elles s’imaginent que leur partenaire peut subvenir à tous les besoins qu’elles avaient en tant qu’enfant et qui sont passés à l’as. Un peu comme du rattrapage.

Or, ça ne marche pas comme ça!

Si on veut surmonter cette dépendance, il est important de se souvenir que, peu importe ce qu’on n’a pas eu lors de notre enfance, on est arrivé jusqu’ici et on a survécu. Donc, on peut de toute évidence faire sans. Même si ça aurait été super si ça avait été différent. De toute façon, cette période de notre vie est révolue, pour la plupart d’entre nous depuis plusieurs années, et ça ne nous avance pas beaucoup de pleurer sur le lait répandu.

Alors oui, bien sûr, on a ce manque et cette douleur et il est bon de savoir d’où elle vient. Mais il est tout aussi important de comprendre que maintenant, on est adulte, que cette période est passée et qu’on peut parfaitement supporter ce vide qu’on a eu à un moment donné et qui pointe le bout de son nez de temps à autre. Il est également important de se dire et de comprendre qu’on ne peut pas combler ce vide en tombant amoureuse du premier narcissique venu… Bien au contraire.

Certaines femmes chassent l’amour pour combler ce vide, ce manque. Et lorsqu’elles tombent amoureuses, c’est comme si elles se prenaient un snif de cocaïne. Elles ont un shoot parce que le cerveau libère des hormones qui les mettent dans cet état. Et c’est cet état qui est recherché.

Le vide est la clef

Une relation saine a plus de bons jours que de problèmes. Les choses sont relativement stables et on coule, la plupart du temps, des jours heureux.

Mais la personne dépendante s’ennuie souvent dans ce genre de relation, car son vide intérieur devient plus intense et résonne plus. Elle n’a pas besoin d’être obsédée par son partenaire puisque la relation se passe bien et donc, le vide revient.

Alors… Si vous avez ce vide, que faire contre?

Il faut le remplir!

Il faut le remplir de choses qui vous nourrissent.

Lorsque vous avez rompu avec le partenaire qui détruisait le peu de confiance en vous qui vous restait, il peut y avoir un laps de temps avant de pouvoir vous retrouver. Il vous faut un peu de temps pour voir, comprendre et savoir ce que vous aimez. Il vous faut un peu de temps pour réapprendre (ou tout simplement apprendre) à vous connaître.

Alors, commencez par vous faire du bien et commencez par des petites choses. Par exemple, un bon bain de pieds, aller voir une exposition, téléphoner à une amie, reprendre un hobby créatif… Et, petit à petit, comblez ce vide de choses qui vous font du bien et qui vous nourrissent. Allez-y graduellement.

Le vide reviendra de temps à autre. Il revient souvent en vagues. Telle une surfeuse, vous pouvez être en haut de la vague… ou dans le creux de la vague.

Il est important d’oser ressentir les émotions du vide lorsqu’elles arrivent ou lorsqu’elles reviennent et de les accepter sans rien y faire.

Même si ce vide est ressenti comme grand et fort, dites-vous bien que vous êtes plus grande que lui, que vous êtes plus forte que lui et que vous pouvez le contenir. Vous l’avez déjà fait!

Petit à petit, il changera et il se transformera, il deviendra moins présent et moins fort, surtout s’il est comblé par certaines autres choses.

C’est un peu comme être avec un enfant à qui on dit: « Je sais que tu es triste. Il te manque un partenaire. Que puis-je faire pour toi pour t’aider? » et voyez quelles sont les bonnes décisions, les décisions nourrissantes que vous pouvez prendre qui pourront emplir ce vide.

Quand sait-on qu’on est sorti de la dépendance?

Honnêtement, je pense qu’on n’en sort jamais tout à fait. C’est un processus qui vous donne de bonnes possibilités pour vous développer et même pour être créative, mais les vieilles blessures se feront toujours sentir dans certaines situations. C’est inévitable. Ça fait partie de vous. Le truc est d’apprendre à les gérer de façon à ne pas se faire de mal et de façon à ne pas, et à ne plus se mettre dans des situations difficiles.

La solution n’est pas dans la relation à un partenaire, mais dans la relation à vous-même. C’est elle sur laquelle vous devez travailler. Apprenez à ne pas vous laisser tomber, et apprenez à vous sentir bien en relation avec vous-même. C’est important. Très important.

Le but n’est pas de devenir quelqu’un d’autre, mais de rester soi et d’apprendre à s’accepter. (Cyril Malka)

© 2018 – Malka

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