L’entretien d’embauche

Job interview

(26/11-2014) – Votre CV a retenu l’attention d’un recruteur et vous voici convié à un entretien.

Beaucoup ont une tendance à paniquer, rien que d’y penser. Dans ce texte, je vais vous donner des conseils afin que vous puissiez mettre toutes les chances de votre côté.

Avant tout, dites-vous bien que ce n’est pas un examen et que ce n’est pas à sens unique. C’est-à-dire que lors de l’entretien d'embauche, le but du jeu n’est pas de vous observer, de vous examiner et de vous juger, mais tout simplement, car le recruteur aimerait savoir qui se cache derrière ce CV. Allez-vous aller de pair dans l’équipe? Est-ce que le courant passe? Bref: Qui êtes-vous?

De même, l’entretien d'embauche va vous permettre de voir un peu l’entreprise: est-ce une entreprise qui vous conviendra? Comment est l’ambiance? Allez-vous avoir des atomes crochus avec les personnes en place?

C’est, en fin de compte, une observation mutuelle afin de mieux se connaître les uns et les autres.

Maintenant, c’est un fait, certains recruteurs vont aller au-delà des bornes. Ceci, tout simplement, car n’importe qui peut se nommer « recruteur » et ouvrir son cabinet de recrutement.

Dans ce cas-là, ou si vous voyez que l’entretien prend une tournure qui ne vous plaît pas, dites-vous bien que le fait que l’entretien se passe mal n’est pas nécessairement de votre faute. Une entreprise utilisant ce genre de méthode ou faisant appel à des personnes de cette qualité n’est peut-être pas une entreprise dans laquelle vous aimeriez travailler de toute façon. Voyez cela comme un coup de chance: vous avez évité de perdre votre temps et de tomber dans une boîte où vous vous seriez senti mal.

Soyez donc aussi franc et autant vous-même que possible.

Maintenant que cela est dit, il y a quand même des petits trucs et astuces, des choses à faire, et surtout à ne pas faire. Voici quelques conseils…

Ce que vous pouvez et ce que vous devez faire en entretien

Illustrez chaque argument que vous avancez par un exemple précis, si possible chiffré, de votre vie professionnelle.

Il n’est pas suffisant de rester dans le vague! Soyez précis. Sinon le recruteur pourrait croire que vous essayez de le mener en bateau.

Ayez une présentation extérieure (costume, cheveux, cravate, etc.) en harmonie avec l’esprit de l’entreprise que vous contactez, ou l’image que veut avoir cette entreprise auprès de ses clients.
Cela ne veut pas dire que devez porter un costume cravate ou une longue robe. Cela veut dire que votre tenue extérieure doit être en rapport avec l’entreprise.

Si vous devez vendre des grosses voitures allemandes à 270 000 euros, vous ne pouvez pas vous présenter en jeans et avec les cheveux en bataille. De même, si vous devez travailler avec des adolescents, le costume cravate vous posera problème. Trouvez le style correspondant et adaptez-le à votre style.

Ayez de l’entrain, soyez souriant.
Vous n’allez pas à l’abattoir. Souriez! D’une part, cela vous décontractera et fera que vous serez plus détendu, de plus cela vous fera paraître plus dynamique et sympathique.

Regardez votre interlocuteur dans les yeux (ou les sourcils si vous êtes gêné).
Il n’y a rien de pire qu’un candidat qui regarde ses mains, par terre ou ailleurs.

N’hésitez pas à poser des questions.
Ne soumettez pas non plus le recruteur à un interrogatoire, mais n’ayez pas peur de poser des questions: sur l’organisation, certaines méthodes de travail ou autre. Ceci montrera votre intérêt pour l’entreprise et votre dynamisme.

Citez les informations sur la société qui vous reçoit que vous aurez recueillies avant de venir.
Pour cela, Google est votre ami! Trouvez des infos sur l’entreprise. Si vous êtes arrivé à l’entretien parce que vous avez parlé de votre intérêt dans l’entreprise dans votre lettre de motivation, et que vous ne savez rien de l’entreprise à l’entretien, cela risque de faire très mauvaise impression.

Si vous en sentez le besoin, prenez des notes, en ayant soin d’en demander l’autorisation.
D’une part, c’est plus sérieux, d’autres part, vous éviterez de vous répéter et de poser plusieurs fois la même question. De plus, cela vous donnera une contenance, si vous vous sentez un peu déstabilisé.

Ne cachez pas que vous êtes sur d’autres pistes. Au contraire, cela vous aidera à mieux vendre vos talents.
Si on vous demande, si vous êtes sur d’autres pistes, n’hésitez pas à répondre oui. Vous n’avez aucune raison de le cacher, bien au contraire.

Maintenez une attention intense aux propos de votre interlocuteur, essentiellement si votre conversation est interrompue par un coup de téléphone et si à la fin de cet entretien téléphonique, votre interviewer vous demande: « où en étions-nous? », ou éloignez-vous si le téléphone sonne.
Montrez que vous êtes attentif à ce qui se dit. Lorsque vous êtes interrompu, notez éventuellement où vous en êtes de la discussion. Éventuellement, éloignez-vous, aucune raison d’écouter la conversation et surtout, passez-vous de commentaires.

Reprenez, dans les questions que vous formulez, des arguments présentés précédemment par votre interviewer.
De cette façon, vous vous montrez attentifs et vous pouvez facilement combler les vides éventuels. De plus vous donnez l’impression d’être d’accord, ou du même point de vue que votre interviewer, donc sur la même longueur d’onde. Ce mimétisme attire souvent la sympathie de l’interviewer.

Silence

Mettez en avant, autant que fairesce peut, vos qualités d’énergie, de volonté et professionnelles.
Votre interviewer ne peut pas savoir si vous êtes professionnel, énergique et volontaire. Vous allez être obligé de lui dire, même si vous n’aimez pas vous « faire de la pub ». Il faut bien lui expliquer, car il ne pourra pas ’ens rendre compte sinon.

Il n’est pas suffisant de dire que vous êtes énergique et tout et tout, il faut lui montrer. Prenez des exemples ou, si l’occasion se présente, racontez une anecdote ou prenez un exemple dans lequel vous avez fait preuve d’énergie, de volonté ou de professionnalisme.

Meublez par des questions pertinentes les silences artificiels créés par votre interviewer.
Si l’interviewer garde le silence, ou parce qu’il utilise cette méthode pour voir vos réactions ou parce qu’il n’a rien à dire dans une situation donnée, ne restez pas plantés en chiens de faïence et surtout, surtout, ne balancez pas un truc bateau ou une blague vaseuse. Tout comme nous avons vu plus haut, posez une question à votre interlocuteur en reprenant certaines des choses qu’il vous a déjà dites (voyez vos notes là-dessus).

Essayez de convaincre votre interviewer que vous n’êtes pas en position désespérée de recherche d'emplois néanmoins montrez de l’intérêt pour le poste proposé.
Ne soyez, bien entendu, pas trop désinvolte. Trouvez l’attitude juste. Celle située entre « Qui dois-je tuer pour avoir ce job? » et « Oui, vous savez, si vous voulez pas de moi, votre poste, vous pouvez vous le tailler en pointe et… ». Faites comprendre que vous aimeriez ce job, mais que ce n’est pas votre raison de vivre. Le mieux est de commencer vous-même par avoir cette attitude.

Prouvez à l’interviewer comment vos expériences passées et vos capacités peuvent contribuer à résoudre les problèmes qui se posent à son organisation.
Démontrez-lui que vos expériences seront utilisables. Que vous avez géré des situations ou similaires ou aussi pointues et que vous pourrez alors facilement vous adapter.

Ce qu’il ne faut surtout pas faire en entretien

Non seulement il y a des choses à faire, mais il y a aussi des choses à ne pas faire en entretien. Voici certaines des plus importantes:

N’arrivez pas plus de 5 minutes en avance.
Surtout si vous allez dans un entretien dans un magasin, les employeurs n’aiment pas trop voir une queue de personnes dans la boutique en train d’attendre leur tour pour passer un entretien.

N’arrivez pas avec une minute de retard.
Vous savez qu’il est difficile de se garer à Paris, à Tours, dans le centr- ville. Vous savez combien de kilomètres, vous devez parcourir. Prenez une marge de temps nécessaire afin de ne pas arriver en retard. Pas une minute!

Ne vous asseyez pas au bord de votre chaise.
Sans forcément vous avachir dans la chaise, asseyez-vous confortablement et correctement dans votre chaise, tout comme votre mère vous l’a appris lorsque vous étiez petit.

Ne serrez pas nerveusement les mains.
Vous êtes nerveux, c’est normal. Maintenant, le fait de vous serrer les mains ne changera rien à votre nervosité, bien au contraire. Prenez plutôt une profonde inspiration (discrètement).

Ne sortez pas une cigarette.
Personne ne vous a autorisé à fumer, même si l’interviewer fume.

Heure

Ne regardez pas votre montre.
Même si vous êtes nerveux, cela risque de donner une très mauvaise impression. Comme si vous vous ennuyez.

Ne dites pas que c’est le seul entretien que vous ayez pu obtenir.
Même si c’est vrai. Cela risque de vous être défavorable.

N’essayez pas de lire un document sur le bureau de l’interviewer.
Cela peut être un réflexe, surtout si l’interviewer prend des notes et surtout si vous êtes nerveux et que vous ne savez pas trop quoi faire. Mais ne le faites pas. Cela se remarque très vite.

Ne dites pas du mal de votre employeur actuel ou passé.
Comme votre mère ou votre grand-mère vous a sûrement dit: Si tu ne peux pas dire du bien, tais-toi! Et dans ce cas, le silence n’est plus de l’or mais du platine! On ne dit jamais, jamais, jamais de mal de son employeur, même s’il a été la pire des vaches. Ceci vous disqualifierait d'embleé.

N’abattez pas toutes vos cartes: la parole est d’argent, certains silences sont d’or.
Laissez venir, gardez des informations pour le bon moment, par exemple un de ces silences artificiels dont on a parlé plus haut.

Ne vous lancez pas sur une discussion d’ordre politique.
Il y a certaines choses qu’un recruteur n’a pas le droit de demander:

1. La grossesse : Le code du travail (art. L. 122-25) interdit de rechercher ou de faire rechercher toutes informations sur l’état d’une grossesse. La candidate n’est pas tenue de répondre aux questions du recruteur sur ce sujet.
2. Les orientations sexuelles: Le recruteur n’est pas tenu de savoir si vous êtes homo, hétéro ou quelles sont vos orientations sexuelles.
3. Les convictions religieuses: Cela ne regarde pas votre employeur (cf. art. L416 du code pénal) et enfin, vos convictions politiques ou votre appartenance syndicale (cf. art. L. 412-2 du code du travail).

Enfin, la situation de famille : Le code du travail (art. L. 123-1) sanctionne l'employeur qui prend en compte le critère de la situation de famille dans sa décision finale d'embauche. Vous n’êtes pas tenus de répondre aux questions n’ayant pas de lien direct et nécessaire avec le poste à pourvoir.

Mais attention, si votre poste suppose la connaissance des informations confidentielles de l’entreprise, les questions du recruteur sur la société de votre conjoint(e) rentreraient dans le cadre de la législation et il peut être difficile à prouver.

Un recruteur peut facilement se faire une idée (même fausse) de vos convictions politiques en parlant de l’actualité.

Dans tous les cas, ne soyez pas trop agressifs dans vos réponses: « Vous n’avez pas le droit de me poser cette question », par exemple, est exact, mais trop direct. Tirez-vous en par une pirouette qui ne dit rien. Une réflexion bateau. Si le recruteur insiste lourdement, oui, dans ce cas, mettez le holà en demandant quel intérêt ce genre de question revêt pour le poste.

Ne vous présentez pas comme un superman qui réussit dans tous les domaines.
Même si vous l’êtes. Cela vous ferait paraître prétentieux.

Ne vous présentez pas comme quelqu’un qui doute trop de lui et ne veut jamais se mettre en avant.
Entre superman et superhumble, il y a un juste milieu. Trouvez-le.

Ne dites pas que vous n’avez pas besoin de travailler pour vivre.
C’est rarement vrai et le recruteur le saura. De plus cela donne la très nette impression que vous n’êtes pas intéressé et il n’y aura donc aucune raison pour qu’on vous donne ce poste. Logique, non?

Ne dites pas que vous êtes prêt à travailler pour très peu.
Même si c’est la période des soldes, vous n’êtes pas au rebut. Soyez conscient de votre valeur.

Ne vous laissez pas entraîner à donner des informations confidentielles concernant votre ou vos employeurs passés.
Très peu d’entreprises oseront vous employer. On n'emploie pas une personne qui se laisse aller à ce genre de confidence, quel qu’en soit le prix.

Ne perdez pas votre temps avec des interviewers qui n’ont rien à offrir de spécifique.
N’oubliez pas: Un recruteur n’est pas nécessairement professionnel ou même correct. Certains sont prêts à tout et font n’importe quoi. Si vous voyez que l’interview est bidon ou pas sérieuse, laissez tomber. Vous perdez votre temps.

Ne vous étendez pas trop longtemps sur des points personnels.
C’est un entretien d'embauche, pas une séance de thérapie.

Ne répondez pas uniquement par monosyllabes.
Faites des phrases qui contiennent au moins un sujet et un verbe et n’oubliez pas de poser quelques questions. C’est un entretien, pas un interrogatoire.

N’inspectez pas le mobilier de façon insistante.
Encore un de ces signes de nervosité qui a de très mauvais à côtés. Le mobilier du bureau du recruteur n’est pas votre problème. N’y pensez pas. Concentrez-vous sur l’interview, pas sur le mobilier.

Ne bluffez pas. La plupart des recruteurs ont vu défiler beaucoup de personnes et ils vous démasqueront.
Vous pouvez, bien entendu, passer certaines choses sous silence ou décrire certaines choses avec moult détails, mais ne bluffez pas. Votre crédibilité est en jeu.

Voilà, en espérant que ces quelques conseils vous aideront en chemin.

Bonne chance. (Cyril Malka)

© 2006 – 2014 – Malka

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