Le mystère des black-out

(25/07-2011) – Si vous êtes beurré comme un petit Lu, aucune raison de lire cet article maintenant. Revenez le lire demain, car vous ne pourrez pas vous souvenir des mots qui suivent.

Le cerveau refuse d’enregistrer des souvenirs s’il est sous influence de trop d’alcool.

Par contre, si vous êtes bourré comme un métro aux heures de pointe et que vous êtes chauve et que vous prenez de la finastéride, vous pouvez continuer à lire. Votre mémoire fonctionne toujours.

Les scientifiques du service de psychiatrie de l’université de Washington ont étudié le sujet de très près. Ils ont constaté qu’à leur grande surprise, ces black-out (qui désignent une perte momentanée de mémoire après avoir consommé un produit psychotrope, le plus souvent de l’alcool) ne détruisent pas les cellules du cerveau, comme on le pensait.

Une haute concentration d’alcool fait interférence avec un processus dans l’hippocampe du cerveau. L’hippocampe est la partie du cerveau qui renforce les connexions entre les neurones et qui doit bien fonctionner pour nous rendre capables d’apprendre ou de nous souvenir. Il s’agit de ce principe de la plasticité synaptique du cerveau appelé Potentialisation à Long Terme (PLT).

Cela fait longtemps que l’on sait cela, mais on vient seulement de comprendre ce qui se passe en étudiant des cerveaux de rats coupés en très fines tranches.

Jusqu’ici, on a cru qu’une haute concentration d’alcool ferait interférente à PLT en bloquant totalement les récepteurs de glutamate des neurones (ce sont ces structures sur la surface des cellules qui reçoivent les signaux chimiques des cellules avoisinantes).

Ce qui se passe est un peu plus compliqué : l’alcool ne bloque environ que la moitié d’un certain type de récepteurs de glutamate. Par contre, l’autre moitié reçoit le glutamate d’une façon très erratique.

Les molécules de glutamate agissent comme messagères de stimulus en transportant les signaux entre les neurones. Trop ou trop peu d’activation des récepteurs peut mener à ce que les neurones font une surproduction de stéroïdes, ce qui inhibe la Potentialisation à Long Terme (et donc la mémoire).

Passons maintenant à la finastéride.

La finastéride est un médicament utilisé pour traiter l’hypertrophie de la prostate et la calvitie. Pour ce faire, la finastéride bloque la production d’hormones mâles et de ce fait, empêche les neurones imbibés d’alcool de produire des stéroïdes. En fait, la finastéride peut empêcher l’effet nocif de l’alcool sur la PLT et de ce fait, très certainement, empêcher les black-out.

Attention ! Cette étude se concentre sur la mémoire. Les problèmes d’élocution, d’équilibre, de perte de conscience et de mauvaise évaluation des situations ne sont pas gérés par les mêmes parties du cerveau. On s’accorde à penser qu’il s’agit des mêmes mécanismes qui entrent en jeu.

En comprenant le fonctionnement de ces mécanismes, les chercheurs espèrent trouver des traitements contre les traumatismes crâniens, les accidents vasculaires cérébraux, Alzheimer et autres maux qui affectent la mémoire.

En guise de conclusion, souvenons-nous quand même que même si on peut penser que les black-out ne tuent pas de neurones, il en est autrement de l’effet de l’intoxication par l’alcool sur le cerveau. Celle-ci peut, par contre, causer de gros problèmes, y compris une perte de cellules neuronales qui peut mener à la démence. De plus, la gueule de bois n’est pas vraiment saine pour nos cellules grises (Cyril Malka).

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