(21/12-2020) – Oui, bien sûr, nous n’avons plus de secrets pour nous-mêmes. En ces temps de développement personnel et de coaching, nous nous connaissons bien…
Vraiment?
Se sentir supérieur à la moyenne n’est plus une nouveauté, il y a eu des études sur le sujet il y a une cinquantaine d’années qui ont révélé que nous avons une tendance à surestimer notre intelligence
Les résultats d’une récente enquête sur les vues des Américains sur leur propre intelligence ont révélé qu’environ 70% des hommes et 60% des femmes étaient d’accord avec la déclaration: « Je suis plus intelligent(e) que la moyenne. »
Force a été aux chercheurs de conclure que notre croyance en notre supériorité intellectuelle est toujours bien vivante plusieurs décennies après la découverte de ladite croyance.
D’autres travaux ont montré que la surestimation notre intelligence peut être énorme. En général, nous pensons avoir une intelligence supérieure d’environ 30 points de QI, en moyenne.
Selon une étude de Gilles Gignac et Marcin Zajenkowski publiée l’année dernière, nous avons une forte tendance à surestimer l’intelligence de notre partenaire encore plus que la nôtre.
La leçon qui donne à réfléchir est que vous êtes probablement beaucoup moins intelligent que vous ne le pensez.
Ben non!
Le fameux effet Dunning-Kruger se rapporte spécifiquement à la tendance des personnes n’ayant pas de compétences dans une tâche à surestimer leur capacité à y parvenir.
Comme David Dunning l’a écrit: «L’ampleur de l’ignorance des gens leur est souvent invisible.»
C’est un phénomène courant et relativement logique si on y réfléchit un peu: En effet, je juge mes compétences dans un domaine en fonction du savoir que j’ai dans ce domaine. Je ne connais pas nécessairement mes lacunes… puisque ce sont des lacunes. Du fait où je ne sais pas ce qu’il y a à savoir, il est relativement logique que je croie bien savoir.
Cette confiance excessive peut être dangereuse à la fois pour l’individu et pour les autres. Par exemple, une étude américaine sur les élèves-pilotes a révélé que ceux qui avaient obtenu des scores inférieurs à un test de connaissances de pilotes surestimaient grossièrement leurs capacités, tandis que les élèves qui obtenaient de meilleurs scores avaient en fait tendance à sous-estimer les leurs.
Le même effet a été noté chez d’autres groupes tels que les étudiants en chimie. Dans ce cas, les étudiants qui avaient obtenu moins de 50% à un examen avaient prédit qu’ils obtiendraient une moyenne de 69%, alors que leur note moyenne réelle était légèrement inférieure à 37%. C’est un énorme écart.
Si vous ne savez pas que vous n’êtes pas suffisamment préparé pour un test, c’est clairement un problème.
Hm… Pas trop sûr.
Votre personnalité n’est pas fixée, elle fluctue en fonction des situations et vous évoluez (je l’espère en tous cas).
Une étude récente a révélé que si on a une idée de nos niveaux momentanés d’extraversion et de conscience, on a néanmoins des lacunes lorsqu’il nous faut évaluer à quel point nous sommes agréables à un moment donné.
Cette ignorance peut mener à certains problèmes interpersonnels.
Mais à part ça, il y a des bonnes nouvelles sur le front de la perception de soi.
Selon une étude à grande échelle des données sur les auto-évaluations de la personnalité par rapport aux évaluations de la personnalité des autres publiée dans Psychological Science en 2018, nous sommes en fait assez bons pour nous juger de cette manière.
En fait, le travail a révélé que le seul petit souci était que nous sommes des juges plus sévères de notre personnalité que les autres. Ce fut une surprise pour les chercheurs, qui avaient supposé, sur la base d’autres travaux dans ce domaine, de trouver un biais positif. Mais ça n’a donc pas été le cas.
Si vous aimez les chips au sel et au bacon, par exemple, mais que vous détestez le fromage et l’oignon, alors oui, c’est un fait. Personne ne pourra dire que vous vous trompez.
Mais si vous me dites que vous aimez le café, je serai peut-être moins d’accord avec vous.
Il s’avère que ce n’est pas toujours simple pour nous de faire la différence entre aimer quelque chose et vouloir quelque chose.
Une étude publiée cette année a révélé que les gros buveurs de café (ceux qui buvaient trois tasses ou plus par jour) en fait veulent le café plus qu’ils n’aiment le café. Le truc est qu’ils en boivent principalement ou entièrement par dépendance, plutôt que par plaisir.
Les gens autour de vous pourraient être plus honnêtes. Malheureusement, en général, les autres ne nous aident pas à corriger nos préjugés.
Trop souvent, les commentaires des employeurs, de la famille et des amis sont vagues et trop positifs pour être utiles. Selon une étude menée par Zlatan Krizan de l’Université d’État de l’Iowa. En tant que société, nous faisons le mauvais compromis en pensant que le renforcement de l’estime de soi va améliorer les performances, et cela se produit rarement.
Cet éloge vide de dire à quelqu’un qu’il est génial, ou de prétendre qu’il n’y a pas de différences de compétences quand il y en a, peut vraiment devenir un problème.
En plus de rechercher des commentaires honnêtes et en vous souvenant de notre tendance à nous voir supérieurs à la moyenne, une bonne chose est de pratiquer l’humilité.
Des recherches publiées dans la revue Self and Identity suggèrent que les personnes plus modestes quant à leur degré de connaissance de soi se connaissent mieux.
Personne n’aime un narcissique (ou en tous cas, pas à la longue). Mais pour être parfaitement juste, il peut y avoir des avantages à penser que l’on est meilleur qu’on ne l’est.
C’est ce qu’on appelle le biais d’optimisme: La tendance à surestimer la probabilité d’événements positifs dans nos vies, comme obtenir une promotion et à sous-estimer nos risques de retombées négatives: un divorce, un accident de voiture.
L’optimisme est important pour la santé mentale et physique. Alors peut-être qu’une image de soi quelque peu gonflée est aussi importante ou nécessaire pour notre bien-être.
En fait, selon les résultats d’une étude publiée l’année dernière dans Nature Human Behavior, cela pourrait bien être le cas. Les participants ont effectué divers tests de capacités cognitives et émotionnelles, puis ont rapporté à quel point ils pensaient avoir réussi tous ces tests. Ils ont ensuite passé une semaine à remplir des journaux quotidiens, dans lesquels ils réfléchissaient à leur niveau de satisfaction à l’égard de leur carrière, de leurs relations et de leur vie en général.
Les chercheurs ont constaté que le fait d’avoir une perception précise de soi n’était pas lié à des niveaux de satisfaction plus élevés dans aucun de ces domaines. Les données suggéraient même que les personnes qui surestimaient le plus leurs capacités avaient les plus hauts niveaux de satisfaction à l’égard de la vie.
Néanmoins, il convient de noter que se sentir bien dans sa vie et performer à son plus haut niveau sont deux choses différentes. Les personnes ayant une connaissance de soi précise peuvent être plus motivées à s’améliorer et à faire plus.
Selon une étude récente, notre compréhension des avantages ou des inconvénients potentiels d’une perception de soi précise est assombrie par toutes sortes de problèmes, y compris les différences entre les études dans la façon dont la perception de soi est mesurée, ainsi que des différences fondamentales dans les types de l’auto-tromperie. L’auto-tromperie peut parfois provenir du désir d’un individu de défendre son estime de soi, mais d’autres fois existe simplement parce qu’une personne ne s’est pas vraiment engagée dans une auto-évaluation approfondie.
Jennifer Beer et Michelle Harris écrivent dans leur étude que la recherche actuellement disponible ne nous permet pas de conclure avec certitude que la connaissance de soi a des avantages par rapport à certains types d’échecs de la connaissance de soi (ou vice versa). Il reste du travail à faire pour prouver pourquoi, quand, où et pour qui la connaissance de soi est coûteuse ou bénéfique.
En gros, il se peut que le travail sur la connaissance de soi soit une perte de temps. (Cyril Malka)
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