(07/09-2020) – Qui n’a pas entendu dire (ou même répété) que nous n’utilisons que 10% de notre cerveau? Qu’écouter la musique de Mozart rend plus intelligent? Que la plupart des apprentissages se produisent au cours des trois premières années de la vie? Qu’une personne qui a le «cerveau droit» (qui est gauchère)est plus créative que les autres?
Toutes ces affirmations sont ce qu’on appelle des « neuromythes ». De fausses croyances à propos de notre cerveau et de notre système nerveux.
Aucune de ces affirmations n’est vraie et ça fait bien longtemps que cela est scientifiquement prouvé.
Une idée très répandue (surtout par la PNL) est que nous sommes en priorité soit visuels (V), auditifs (A) ou kinesthésiques (K) (plus sensibles au toucher) et que nous apprenons donc mieux si on nous enseigne selon ces « styles ».
Ça aussi,le VAK, c’est un neuromythe sans aucun fondement scientifique. Pour faire court, on dira que vous êtes tout aussi susceptible de rencontrer le père Noël (le vrai, hein?) que d’apprendre à peindre un coucher de soleil plus rapidement, soi-disant parce que vous êtes une personne « visuelle ».
D’après une étude menée par le Laboratoire de Recherche en Santé Cognitive de l’Université Laurentienne (Canada)des enquêtes menées dans 14 pays, dont le Canada, ont révélé que 90% des enseignants croient fermement que leurs élèves sont visuels, auditifs ou kinesthésiques.
Et pour répondre au mieux à leurs besoins, les enseignants adaptent leur enseignement en fonction de ce mythe: Les étudiants « visuels » sont confrontés à un enseignement basé sur des images ou des diagrammes, les étudiants « auditifs » écouteront des sons ou de la parole et les étudiants kinesthésiques manipulent des objets pour apprendre.
À la base du neuromythe VAK, il y a la croyance erronée que chaque cerveau se développe différemment et donc que chaque enfant apprend différemment.
Bon, il est exact que le cerveau avec ses 100 milliards de neurones (à la naissance) va développer un réseau unique de connexions. Jusque-là, nous sommes d’accord.
Là où le bât blesse, c’est lorsque certains croient que ce développement individualise le cerveau de façon telle qu’il sera prédisposé à mieux traiter les informations sous une modalité sensorielle « dominante » (VAK).
En fait, les cerveaux humains ont infiniment plus de points communs que de différences.
Dans chaque cerveau, les zones sensorielles visuelle, auditive et kinesthésique sont fortement interconnectées.
Lorsque nous entendons un bruit, non seulement la zone auditive est activée, mais les zones visuelle et kinesthésique sont également activées. C’est ce transfert intermodal et automatique qui assure que nous pouvons effectuer un traitement optimal de l’information.
Si vous voulez vous en assurer, il vous suffit d’y réfléchir: Si vous regardez une photo qui représente une personne couverte de moustiques, combien de temps avant d’avoir envie de vous gratter? Ou si vous entendez le son d’une fraise de dentiste? Combien de temps avant de réagir à l’association? Tous nos sens sont (heureusement!) interconnectés.
L’hypothèse selon laquelle les gens apprennent plus facilement lorsque l’information leur est présentée dans leur style d’apprentissage « dominant » a fait l’objet de nombreuses études scientifiques.
À ce jour, aucune étude n’a pu prouver cette hypothèse. Aucune! Voir ici: https://www.erudit.org/fr/revues/psyedu/2018-v47-n2-psyedu04129/1054067ar/
Il y a même une récompense de 5 000 $ offerte à toute équipe de recherche qui réussit à prouver l’efficacité des styles d’apprentissages. Si le coeur vous en dit, c’est ici (cela fait huit ans au moment où j’écris ces lignes que ce challenge est en route): https://www.worklearning.com/2014/08/04/learning-styles-challenge-year-eight/
Si les neuromythes étaient inoffensifs, à la limite, on se dirait « bon, les gens croient ce qu’ils veulent, moi… hein…« .
Malheureusement ce n’est pas le cas. Certains de ces mythes (qu’on n’utilise que 10% de notre cerveau) sont allégrement utilisés par diverses sectes genre Scientologie pour vous vendre des cours hors de prix qui vous « apprennent à utiliser le reste ».
D’autres de ces neuromythes, comme celui du VKA peut compliquer la vie des enfants et des étudiants. Un élève « auditif » par exemple pourrait perdre sa motivation ou son intérêt pour certains sujets plus « visuels » et sa vie s’en trouvera transformée à jamais.
Tout ça pour un mythe!
Le problème est que les croyances, tout comme les théories conspirationnistes, ont la vie dure. On n’abandonne pas une croyance comme ça « juste » parce que la science prouve le contraire.
On n’a rien contre se baser sur la science si cela conforte nos croyances, ou si cela est politiquement correct, mais on ne l’écoute plus si cela va à l’encontre de nos croyances ou si cela n’est plus politiquement correct.
Ce qui est bien dommage, car beaucoup de gens en souffrent.
Même si la psychologie n’est pas une science exacte, même si l’être humain évolue, des études sortent tous les jours sur des sujets différents et on peut relativement facilement trouver les informations nécessaires sur lesquelles vous baser. Et surtout… Surtout, souvenez-vous que nous commettons tous des erreurs et que même si vous avez cru à une théorie pendant longtemps, si vous voyez que cela ne tient pas la route, il vaut mieux changer de chemin plutôt que de persévérer dans le faux. C’est là même le principe du développement personnel et de l’évolution. (Cyril Malka)
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