Les troubles dissociatifs

(01/05-2019) – Les troubles dissociatifs sont un ensemble de troubles caractérisés par la survenue d’une perturbation touchant des fonctions comme la mémoire, la conscience et l’identité.

Il y a trois formes de troubles dissociatifs:

 

  • ​Amnésie dissociative
  • Dépersonnalisation
  • Trouble dissociatif de l’identité

​La dissociation est une déconnexion entre les pensées, la mémoire, les émotions, les actions d’une personne ou sa perception d’elle-même. 
Nous sommes tous capables de nous dissocier et il n’y a rien de nécessairement problématique à cela. Nous nous dissocions lorsque nous rêvassons ou lorsque nous sommes absorbés par un livre ou par un film et que nous perdons la conscience de notre environnement.

Lors d’un traumatisme, que ce soit un accident, une catastrophe ou un crime, la dissociation peut aider l’individu à tolérer une situation qui, sans cette dissociation, serait impossible à supporter.

Dans ce genre de situations, l’individu peut dissocier le souvenir du lieu, des circonstances ou des émotions ressenties lors du traumatisme. C’est une façon d’échapper à la peur, à la douleur ou à l’horreur d’une situation.

C’est cette dissociation qui fait que les victimes d’une situation traumatique ont du mal à se souvenir des détails de la situation.

Prenons les trois formes de troubles dissociatifs en détail.

​L’amnésie dissociative

​Lorsque l’on est incapable de se souvenir de certaines informations à propos de nous-mêmes qui ne sont pas incluses dans l’oubli dit « normal » (car nous ne nous souvenons pas toujours de certains détails de notre vie), cela est généralement relié à un traumatisme ou à une situation stressante ou angoissante.

L’amnésie dissociative peut être:

​Amnésie localisée

​C’est la forme la plus commune des amnésies dissociatives. L’amnésie localisée est lorsqu’on ne se souvient plus d’une situation bien définie ou d’une période de temps bien définie.

Par exemple, l’individu ne se souvient de rien avant l’âge de sept ans. Ou bien il ne peut pas se souvenir d’une période de vacances avec papy et mamie même s’il y allait un mois tous les ans.

Le plus souvent, l’individu mettra ça sur le compte d’une mauvaise mémoire générale ou parce qu’il « ne s’y passait rien d’intéressant de toute façon » et passera outre.

​Amnésie sélective

​Dans ce cas, l’individu est incapable de se souvenir d’un aspect précis d’une expérience vécue pendant une période définie.

Par exemple, la personne se souviendra bien avoir habité dans telle ou telle ville et se souviendra de la maison et de l’école, mais il lui sera impossible de décrire sa chambre ou de parler de son quotidien à cette époque.

Ça aussi sera mis sur le compte d’une mauvaise mémoire ou tout simplement que le quotidien était très routine.

Étant petit, mes parents avaient un chien, un croisé chow-chow et je ne me souviens plus quoi, qui s’appelait « Nounours » et qui me suivait partout. J’adorais ce chien et mes parents n’ont jamais compris pourquoi je ne m’en souviens pas.

Facile! D’après ce que j’ai compris, mes parents ne se sont jamais occupés de ce chien ce qui fait qu’il a disparu de mon monde de façon violente et inattendue (ils ne m’ont jamais expliqué ce qui s’était passé exactement).

Donc il y a fort à parier que même si je me souviens parfaitement de ma vie à cette période, tout ce qui a trait à Nounours a apparemment été mis de côté. C’est ici un exemple d’amnésie sélective.

​Amnésie généralisée

​C’est la forme la plus rare d’amnésie dissociative et elle est régulièrement discutée.

Dans l’amnésie généralisée, l’individu perd totalement son identité et l’histoire de sa vie. C’est le genre d’amnésie que l’on voit dans les films, dans les séries ou dont on parle dans les romans à suspens.

Teri, la femme de Jack Bauer dans la première saison de 24 heures chrono, souffre d’une amnésie généralisée lorsqu’elle croit que sa fille est morte dans un accident. Elle ne se souvient plus de qui elle est, ce qu’elle fait là, son nom, sa famille… Rien.

​Dépersonnalisation

​Le trouble de la dépersonnalisation est en fait un trouble de la dépersonnalisation ou de la déréalisation.

​Dépersonnalisation

​Lors de la dépersonnalisation, l’individu se détache de lui-même et de son corps. Il va vivre l’expérience traumatique comme s’il n’est pas là. Comme s’il la voit de l’extérieur.

Les victimes d’abus sexuels ou de viols utilisent souvent cette méthode pour se protéger. Elles « s’échappent » de leur corps pour pouvoir subir sans ressentir. Pour préserver leur Moi.

​Déréalisation

​Dans la déréalisation, l’individu fait un peu le contraire de la dépersonnalisation. C’est-à-dire que c’est l’environnement et les gens autour de lui qui lui paraissent irréels.

Que l’on parle de dépersonnalisation ou de déréalisation, l’individu comprend bien la réalité et il voit bien que son expérience est différente. C’est une expérience extrêmement désagréable pour le sujet, car il n’est pas en « délire ». Il est totalement conscient de ce qui est en train de se passer et en arrive à douter de sa santé mentale.

Les symptômes de la dépersonnalisation/déréalisation peuvent commencer lors de la petite enfance, mais ils sont plus communs lors de la puberté, vers l’âge de 16 ans.

Moins de 20% de personnes qui souffrent de dépersonnalisation/déréalisation ont développé les premiers symptômes après l’âge de 20 ans.

​Le trouble dissociatif de l’identité

​Ce trouble, qu’on appelait « les personnalités multiples » est associé à des expériences perçues comme très traumatiques qui ont apparu lors de l’enfance.

Dans ce cas, l’individu peut développer une ou plusieurs « personnalités », des individus distincts de lui-même qui peuvent gérer ou surmonter ou échapper à ces traumatismes.

Les symptômes du trouble dissociatif de l’identité comprennent:

​L’existence de plusieurs personnalités

​Les personnalités ont chacune leurs qualités, leurs défauts, leurs souvenirs (séparés de l’autre ou d’autres personnalités et un comportement qui leur est propre.

Elles sont si différentes de la personnalité « principale » que leur famille ou les personnes qui les connaissent peuvent voir la différence.

​Trous de mémoire

​Les personnalités peuvent s’enchaîner à plusieurs dans une journée, voire en l’espace de quelques minutes, ce qui fait que l’individu aura une foule de trous de mémoire pour ce qui peut s’être passé dans le courant de la journée.

Certaines personnalités peuvent se « connaître », mais c’est loin d’être la règle. Ce qui fait que lorsque le sujet passe d’une personnalité à une autre, la nouvelle personnalité ignorera ce qui s’est passé pendant que la personnalité précédente était « en place ».

Cela veut dire que peu importe à quelle personnalité on a affaire, il y aura toujours des trous de mémoire.

En thérapie, ça ne sert à rien de se concentrer sur ces trous de mémoire. On doit se concentrer sur la personnalité qui est en place et sur ses souvenirs à elle.

​Les symptômes sont cause de problèmes

​Autant l’amnésie dissociative dont j’ai parlé au début de cet article n’est pas un problème majeur ou peu le plus souvent être surmonté, autant le trouble dissociatif de l’identité est beaucoup plus douloureux et cause beaucoup de problèmes au quotidien.

L’environnement ne comprend le plus souvent pas ce qui se passe, les amis des différentes personnes ne sont pas nécessairement les mêmes, il est difficile, sinon impossible de poursuivre des études ou de garder un emploi… Bref, les soucis sont légion.

Il faut bien comprendre que même si l’individu change de personnalité, il a conscience qu’il y a un gros problème de dissociation et qu’il n’est pas toujours lui-même. Il sait également qu’il n’est pas toujours en contrôle de ses actions et il en souffre énormément.

Ces individus sont tellement en souffrance que plus de 70% des gens qui ont ce trouble tentent de se suicider au moins une fois.

​Traitement

​La bonne nouvelle est qu’avec une thérapie, on peut traiter ce genre de situation, mais cela peut facilement prendre plusieurs années.

J’explique plus en détail cette situation avec une de mes patientes qui souffrait de ce mal dans la vidéo du webinaire gratuit que j’ai tenu sur ce sujet le 22 avril 2019. Vous pouvez voir la vidéo en bas de cet article.

On peut utiliser l’hypnose pour faire remonter certaines expériences, mais il faut savoir que dans certains cas, dans le cas de certaines expériences très traumatiques, même si on demande au patient de se souvenir de tout une fois la séance terminée, la « porte » peut se refermer au réveil.

C’est-à-dire que le client va raconter l’expérience sous hypnose, mais au réveil, ne se souviendra de rien et on peut repartir à zéro. Cela peut être un avantage pour le thérapeute, car il saura dans quelle direction aller, mais à part ça…

Il n’y a aucun traitement médicamenteux capable d’améliorer cette condition, mais certains psychiatres peuvent prescrire des antidépresseurs pour traiter la dépression qui peut accompagner ce trouble. Vu l’impact que l’antidépresseur peut avoir sur la mémoire, je trouve cela contre-productif, mais ce n’est que mon opinion. (Cyril Malka)

© 2019 – Malka

 

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