La personnalité dépendante

(12/02-2019) – Le trouble de la personnalité dépendante est caractérisé par une dépendance psychologique persistante aux autres individus.

Ce trouble de la personnalité est une condition chronique ou à long terme dans laquelle les patients dépendent des autres individus concernant leurs besoins physiques et émotionnels, tout en dépendant un minimum d'eux-mêmes.

Avant d'entrer dans le vif du sujet, il faut avoir deux éléments importants en tête.

1) On ne mettra généralement ce diagnostic que sur les adultes ou jeunes adultes. Il est relativement normal qu'un enfant ou qu'un adolescent soit dépendant… jusqu'à un certain niveau, bien entendu, mais il est plus difficile de juger de la dépendance d'un adolescent que d'un adulte.

2) On prendra également en compte qu'il peut y avoir des différences culturelles dans la famille. Dans certaines cultures, il peut y avoir un niveau de dépendance de la famille, du clan, des amis plus important que dans d'autres. On ne peut pas juger toutes les cultures de la même façon.

Enfin, chose importante, même si beaucoup de personnes se croient dépendantes, c'est loin d'être le cas. Il ne suffit pas de se croire dépendant de l'amour d'un autre ou de ne pas oser quitter son conjoint pour être considéré comme personnalité dépendante. La personnalité dépendante d'après les critères actuels représente entre 0,49% et 0,60% de la population. Donc, en gros, un demi-pour cent.

Cela ne veut pas dire que beaucoup plus de personnes n'ont pas une tendance, voire une forte tendance à la dépendance, et qu'ils n'ont pas besoin de thérapie, mais cela veut dire que ceux qui ont ce trouble de la personnalité ne sont pas aussi nombreux qu'on pourrait le croire.

Avant de pouvoir être diagnostiqué en tant que personnalité dépendante, il faut que l'individu ait au moins cinq des huit symptômes suivants.

Notez que j'utilise le masculin dans cet article car je parle d'un individu, mais ce trouble de la personnalité, d'après les plus récentes études, touche aussi bien les femmes que les hommes. C'est du 50/50.

1. Il a du mal à prendre des décisions dans la vie courante sans être rassuré ou conseillé de manière excessive par un autre ou par d'autres.

Généralement, la personnalité dépendante se reposera surtout sur un individu. Cela pourra être le conjoint ou la conjointe, un parent ou un membre de la famille.

Même si l'opinion des autres peut avoir son importance, il y aura généralement une personne plus influente ou plus importante que les autres.

Dans ce premier point, notez bien l'expression “dans la vie courante”. Les individus victimes de ce trouble ont de très grosses difficultés à prendre même les décisions les plus simples comme quelle chemise choisir pour aller au travail ou doivent-ils prendre un parapluie ou pas? Il leur est pour ainsi dire impossible de prendre même ces décisions sans l'avis ou le conseil d'au moins une autre personne.

2. Il a besoin que d'autres assument la responsabilité dans la majeure partie des domaines importants de sa vie.

La personnalité dépendante a besoin de bien plus que juste de l'aide pour choisir un vêtement. Les adultes qui souffrent de ce trouble dépendront d'un parent ou d'un/e conjoint/e qui décideront pour eux de leur profession, de l'emplacement de leur travail, leur lieu de résidence, que faire pendant leur temps libre, quels doivent être leurs amis, leurs connaissances, qui voir, qui ne pas voir, que faire, que ne pas faire.

L'individu ne prend pour ainsi dire aucune responsabilité. Tout est délégué à son “tuteur”.

3. Il a du mal à exprimer un désaccord avec l'autre de peur de perdre son soutien ou son approbation.

Comme il aura peur de perdre le soutien et l'approbation de l'autre, il aura beaucoup de mal à exprimer un désaccord avec qui que ce soit et il sera dans l'impossibilité d'exprimer un désaccord, même le plus minime, avec la personne de qui il dépend.

Nous ne parlons pas ici de relation où l'autre peut réagir violemment, ou se mettre en colère pour un oui ou pour un non et, pour éviter les conflits, on est obligé de marcher sur des oeufs. Non. Il est ici question de ne pas pouvoir exprimer un désaccord même avec une personne tout à fait compréhensive et équilibrée.

4. Il a du mal à initier des projets ou à faire des choses seul.

Il manque tellement de confiance en lui qu'il n'osera pas entreprendre quelque projet que ce soit. Il attendra que quelqu'un d'autre commence le processus avant de s'y atteler.

Il n'est pas question d'être trop faible ou de manquer de ressources, d'énergie ou de capacité. Il est ici question  d'être tout à fait convaincu qu'on n'a pas les capacités pour pouvoir entamer ce projet.

Ils se présentent le plus souvent comme inaptes, bêtes ou stupides et ils ont peur de faire les choses mieux que les autres, car cela pourrait prouver qu'ils peuvent se débrouiller seuls et ils risquent de perdre le soutien des autres. Ou bien ils ont peur que les autres se sentent insultés et leur enlèvent leur soutien.

5. L'individu cherche à outrance à obtenir le soutien et l'appui de l'autre, au point de faire volontairement des choses qu'il trouve désagréables ou dégradantes.

Ils seront capables de se soumettre à tout ce que l'autre veut ou désire même si la demande est totalement déraisonnable. Ils feront des sacrifices extraordinaires et toléreront des abus verbaux, physiques ou sexuels pour ne pas perdre leur soutien.

Notez que ce comportement ne sera considéré que comme un signe si, et seulement si, il y a d'autres possibilités pour se sortir de la situation et que l'individu ne les utilise pas.

Si la victime est sous la coupe d'un sociopathe par exemple, ou craint les réactions de l'autre en cas de refus, on ne prendra pas ce signe en considération.

6. Il se sent mal à l'aise ou impuissant quand il est seul par crainte exagérée d'être incapable de se débrouiller.

Il sera capable de suivre tout et n'importe quoi, même des choses qui ne l'intéressent pas le moins du monde juste pour éviter d'être seul.

7. Lorsqu'une relation proche se termine, il cherche de manière urgente une autre relation qui puisse assurer les soins et le soutien dont il a besoin.

De par sa croyance irrationnelle qu'il n'est pas capables de se débrouiller seul en l'absence d'une relation proche, l'individu va extrêmement rapidement se lier à d'autres en cas de perte d'une relation proche.

Il sera prêt à tomber dans les bras de n'importe qui et de faire n'importe quoi juste pour éviter la solitude.

8. Il est préoccupé de manière irréaliste par la crainte d'être laissé à se débrouiller seul.

Il se voit totalement dépendant des conseils de l'autre et il a toujours peur d'être abandonné par cette personne, même si rien ne peut justifier cette peur.

Avant de pouvoir considérer ce critère comme valable, il faut s'assurer que nous ne parlons pas d'une personne qui, pour cause de maladie par exemple, est en effet dépendante d'un membre de la famille par exemple.

Ou bien dans un couple, si l'épouse est sans profession, sans revenus, sans formation, elle est en effet dépendante de son conjoint et ce n'est pas considéré comme un trouble de la personnalité, mais comme une situation réelle.

Les causes

Les causes exactes de ce trouble de la personnalité restent à ce jour toujours floues.

Il s'agirait d'une interaction entre des facteurs biologiques et l'environnement.

D'après une étude norvégienne très approfondie menée sur des jumeaux en 2018, les facteurs biologiques y seraient pour beaucoup. Environ deux tiers des causes de ce trouble seraient d'ordre biologique.

Du côté environnemental, il y aurait des facteurs qui pourraient, non pas rendre dépendant, mais favoriser son développement. On suppose (mais on n'est pas sûr) que des parents abusifs, ou trop contrôlants pourraient jouer un rôle.

On pense également que des personnes ayant souffert d'une maladie chronique à un jeune âge ou qui ont une tendance à l'anxiété de séparation pourraient aussi y être plus exposées.

Le traitement

Alors, c'est bien joli tout ça, mais est-ce qu'on peut y faire quelque chose?

La réponse courte est tout simplement: oui, mais ça va prendre un peu de temps.

La réponse longue est: ça prend un plus de temps parce que les personnalités de ce type ne consultent pas avant d'être arrivées au bout du rouleau.

Pendant des années, elles vont jongler, essayer de satisfaire l'un et l'autre et se laisser marcher dessus.

Cela risque de mener à la dépression, à l'angoisse ou à des phobies diverses (voire les trois) et à un moment donné, elles ne peuvent plus faire front.

C'est à ce moment qu'elles vont consulter. Mais elles vont consulter pour l'angoisse, pour les phobies, pour la dépression. Pas pour le trouble de la personnalité. Ce sera le travail du praticien de découvrir que le problème n'est pas ni l'angoisse ni la dépression, mais la dépendance.

On obtient de très bons résultats avec la thérapie cognitive et comportementale même si ça prend plus de temps que pour les thérapies classiques.

Les thérapies cognitives et comportementales sont généralement relativement courtes (de l'ordre de quelques mois, un an) mais dans ce cas, il faut quand même compter deux ans et sûrement aussi un suivi régulier (une fois tous les mois ou tous les trois mois).

Souvent, si la dépression ou les angoisses sont trop présentes, le praticien (si c'est un psychiatre) ou un médecin pourra prescrire des antidépresseurs ou bien on conseillera au patient de prendre de la médecine naturelle pour contrer cet état (genre millepertuis, rhodolia, griffonia et magnésium).

Mais oui, la situation n'est pas désespérée et on peut s'en sortir, mais ça demande un peu de temps et du travail. (Cyril Malka)

© 2019 – Malka

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