(28/04-2015) – Cela fait maintenant des années que nous connaissons l’effet placébo.
On sait parfaitement que les placébos, des médicaments qui ne contiennent aucun composé pharmacologiquement actif, ont un effet bénéfique pour la santé des personnes qui les essayent, que ce soit l’hypertension, l’asthme, la douleur, etc…
Les chercheurs ont constaté, il y a maintenant quelques années, que le fait d’augmenter le prix du placébo le rend encore plus efficace.
D’après un rapport qui a paru dans Journal of the American Medical Association (JAMA) certains facteurs, comme le prix du médicament, joue un rôle clef sur nos réactions par rapport au traitement contre la douleur, contre la dépression, le cancer et même contre les attaques cardiaques.
L’effet placébo a longtemps fasciné le monde scientifique, car si nous pouvions parfaitement comprendre l’effet placébo, nous pourrions alors comprendre comment le corps peut se guérir lui-même.
Les experts savent au moins une chose : Les Placebos marchent, car nous nous attendons à ce qu’ils marchent.
Faites croire à quelqu’un qu’un cachet que vous lui donnez va faire disparaître ses maux de tête et ceux-ci disparaissent, même si le cachet en question ne contient aucune substance active : les attentes que nous avons d’un produit créent une nouvelle réalité qui fonctionne pour nous.
Généralement, on utilise des placébos comme contrôle lorsqu’on teste les effets de nouvelles thérapies ou médicaments. Certains cobayes reçoivent le vrai produit et d’autres le placébo. Il n’est pas rare de voir que les placébos sont souvent aussi efficaces que les vrais produits. Des fois même plus efficaces.
Il y a quelques années, Dan Ariely, à Duke University, a fait une expérience étonnante. Il a appliqué des chocs électriques à 80 volontaires avant de leur donner un analgésique placébo (donc, un analgésique qui n’en était pas un).
Ariely a annoncé à quarante de ces volontaires que ce médicament coûtait 2,50 $ par cachet, et à l’autre moitié, il a annoncé qu’il coûtait 10 cents.
60 % du groupe de placébos à 10 cents a annoncé une réduction de la douleur, 85 % du groupe « haut de gamme » a eu les mêmes effets. Les « médicaments » étaient identiques et ne contenaient absolument aucune formule active.
Cela en dit long de nos attentes et de la façon dont ces attentes fa çonnent notre réalité. Le prix est un des éléments importants dans le façonnement de ces attentes.
On doute de plus en plus, aujourd’hui, de l’effet de certains médicaments. On a vu régulièrement le placébo améliorer des états tels que l’hypertension, la douleur chronique, l’angoisse, l’asthme, les ulcères, la dépression, la maladie de Parkinson et l’arthrite.
Irvin Kirsch, un psychologue anglais qui étudie l’effet placébo à l’université Hull, en Angleterre, a revu 35 essais cliniques d’antidépresseurs et a conclu que les placébos étaient aussi efficaces sur les patients atteints de dépression légère que les vrais médicaments.
Alors comment marchent ces placébos ?
Nous savons depuis des années qu’ils déclenchent une réponse biochimique dans notre cerveau. Cette réponse biochimique libère des neurotransmetteurs tels que la dopamine qui est un analgésique naturel.
On peut renforcer cet effet de différentes façons.
Nous savons, par exemple que le design du paquet a une influence sur l’effet obtenu, et que l’effet du « médicament » se voit renforcé si le cobaye reçoit le placébo de quelqu’un en blouse blanche.
Donald Price, un neuroscientifique de l’université de Floride (USA) a étudié ce sujet ces 30 dernières années.
Il a fait un grand nombre d’observations : par exemple, il s’est rendu compte qu’un cachet rouge a plus d’effet qu’un cachet blanc.
Les placébos qu’on voit sont plus efficaces que ceux qu’on ne voit pas. C’est-à-dire que le placébo a plus d’effet quand on le montre au volontaire (par exemple, un cachet) que lorsqu’il le reçoit par intraveineuse.
Toutes ces choses ont un effet, et donc, on s’est rendu compte que le prix du placébo a également un effet.
Ce n’est pas seulement sur les médicaments que le prix a une influence, mais on constate « l’effet prix élevé » sur toute une variété de produits.
L’Institut de Technologie de Californie a fait une expérience sur 20 étudiants: ils ont fait un scanning de leur cerveau pendant qu’ils buvaient un verre de vin. Le vin venait d’une bouteille à 90 $ ou d’une bouteille à 5 $. Il s’agissait, bien entendu, du même vin.
Lorsqu’ils qu’ils pensaient boire un verre de vin d’une bouteille à 90 $, les scannings ont démontré que le centre du plaisir du cerveau était beaucoup plus actif que lorsqu’ils buvaient du picrate à 5 $.
Un prix bas est pour nous une attente d’un résultat négatif et un prix élevé nous fait nous attendre à un résultat supérieur et positif.
Ces attentes et les effets de ces attentes pourraient expliquer pourquoi les optimistes ont plus de facilité à se remettre d’un cancer que les pessimistes.
Les chercheurs à l’université McGill (Montréal) ont constaté en suivant 100 patients souffrants du cancer de la tête ou du cou que les optimistes survivaient plus facilement que les pessimistes, quel que soit le degré d’avancement de la maladie lorsque celle-ci a été constatée.
Le même genre de résultat a été constaté à l’université Carnegie Mellon où 300 patients ayant subi une opération de pontage ont été suivis. Les patients ayant un point de vue négatif risquaient beaucoup plus facilement une nouvelle hospitalisation dans l’année suivant l’opération.
Les optimistes ne se contentent pas de se sentir mieux, ils vont mieux. Alors… Souriez! (Cyril Malka)
© 2008 – 2015 – Malka (article du 30/03-2008, remanié et mis à jour le 28/04-2015)
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