Lorsqu’on dit trop souvent « oui » – Trois coûts cachés

(27/01-2015) – Nous aimerions tous être gentils. Et pour la plupart d’entre nous, nous voudrions que les autres nous aiment bien. Pour ce faire, nous disons souvent « oui » plus souvent que nous le voulons.

Oui, bien sûr, il y a beaucoup d’avantages à être apprécié. Quand nous nous sentons appréciés, nous nous sentons aussi acceptés, protégés et soutenus.

Malgré ces avantages, il y a aussi des à-côtés. En gros, on paye un prix élevé à dire « oui » trop souvent. Voici trois coûts cachés de vouloir trop souvent faire plaisir à tout le monde.

Vous n’êtes pas fidèle à vous-même

Si vous dites oui sur le coup pour, quelques minutes ou quelques heures plus tard vous dire « en fait, je ne voulais pas dire oui », c’est que vous avez mis vos envies et vos besoins de côté afin de faire plaisir à quelqu’un. Même si vous avez rendu quelqu’un d’autre heureux, vous ne vous sentez pas bien.

Cette petite frustration que vous ressentez vous dit qu’une partie de vous n’est pas d’accord avec cette décision. Et cette partie de vous peut être votre autonomie et le besoin de dire ce que vous voulez dire. L’envie d’être honnête, de dire la vérité, peu importe les conséquences.

Faire plaisir aux autres peut aller d’accepter d’aider quelqu’un même s’il s’agit d’aller à l’encontre de vos idées ou cela peut aller jusqu’à abandonner des études, car quelqu’un vous a dit que c’était une mauvaise idée ou, tout simplement, ne veut pas que vous le fassiez.

Dans tous les cas, vous avez mis l’idée de leur faire plaisir au-dessus de votre fidélité envers vous-même, alors qu’une partie de vous aimerait mieux vous être fidèle. De là le conflit intérieur et la frustration.

Que faire ?

Soyez attentif chaque fois que vous dites oui. Avant de répondre, demandez-vous si vous voulez vraiment faire cela ? Il y a-t-il une partie de vous qui aimerait dire non ?. Si vous sentez que vous allez dire oui alors que vous voulez dire non, ralentissez votre débit et dites : « Je ne sais pas encore, je vais voir » et prenez le temps de prendre toutes les données du problème en considération avant de répondre ce que vous voulez vraiment répondre une fois que vous aurez pris votre décision, mesuré le pour et le contre.

Vous n’affrontez pas votre peur de la solitude

Au bout du compte, lorsque nous faisons plaisir aux autres, nous le faisons afin d’assurer et de solidifier une relation avec eux. Nous faisons cela, car nous voulons qu’ils nous soutiennent. Nous voulons éviter qu’ils nous rejettent et nous abandonnent.

Faire plaisir aux autres est une façon d’éviter d’être seul alors qu’en fait, en mettant le besoin des autres en avant, par rapport à nos besoins, pour conserver une relation… Ça veut dire qu’en fait, nous sommes déjà seuls. La personne de qui vous vous isolez, dans ce cas, c’est de vous-mêmes. Tout simplement, car vous n’êtes jamais seul lorsque vous vous connaissez, que vous savez qui vous êtes et ce que vous voulez dire et faire.

Apprendre à être seul est un défi universel et beaucoup de gens vont loin pour l’éviter. Pourtant, être seul est un défi de développement de soi. Les enfants apprennent à se séparer de leur mère lorsqu’ils commencent à l’école. Les jeunes adultes apprennent à être seuls lorsqu’ils quittent le foyer familial. Les soldats quittent leur pays pour aller en guerre et si on regarde bien, chaque fois que l’on commence quelque chose soi-même, chaque fois qu’on fait quelque chose qui n’a peut-être pas l’accord de tout le monde (ouvrir son entreprise, aller à l’université, voyager, divorcer…) on est face à la peur d’être seul.

Que faire ?

Si vous voyez que vous avez peur de planifier votre chemin, allez-y petit à petit. Prenez une après-midi pour faire ce que vous avez envie de faire, même si cela vous paraît enfantin, bête ou stupide.

Une fois que vous vous sentez à votre aise et que vous vous faites confiance, prenez plus de temps et lancez-vous dans des projets qui vous mobilisent un peu plus : une journée entière, par exemple. Puis, un week-end entier. Ensuite, considérez prendre des petites vacances tout seul et autorisez-vous à faire des choses que vous avez toujours voulu faire, mais que vous n’avez pas faites pour quelque raison que ce soit.

Vous perdez votre confiance en vous

Lorsque vous dites « oui » alors que vous préférez dire non, même si cela peut faire plaisir à plein de gens, cela ne vous apprend pas à avoir confiance en vous. Et si vous n’avez pas confiance en vous, vous perdez encore plus de confiance en qui vous êtes et vous aurez plus de mal à dire non la fois suivante.

Ceci, tout simplement, car lorsque vous dites oui trop souvent, vous reconfigurez qui vous êtes afin de faire plaisir à un autre.

Votre personnalité se perd entre faire plaisir aux autres et le ressentiment pour avoir dit oui alors que vous vouliez dire non.

Plus vous vous enfoncez dans cet « entre-deux » et plus le « vous » vous échappe. Un peu plus chaque fois. Donc vous ne croyez plus trop en qui vous êtes, vous ne croyez plus trop en ce que vous voulez et il vous est de plus en plus difficile de vous y retrouver.

Vous risquez de finir par faire un énorme travail rien que pour retrouver votre personnalité.

La confiance en vous vient lorsque vous êtes à l’écoute de vous même. Lorsque vous êtes à l’écoute de ce que vous voulez et que vous agissez dans cette direction… même si d’autres doutent de vous.

Car même si les autres ne croient pas en vous, il y a une partie de vous qui, elle, croit en vous. Et quelque part, il y a une partie de vous qui recherche cette situation, cette indépendance. Plusieurs études prouvent que les êtres humains sont plus heureux lorsqu’ils travaillent sur un défi (1), lorsqu’ils sont engagés dans quelque chose qui a un sens pour eux. Et être franc envers soi même, se réaliser, a beaucoup de sens.

Que faire ?

Pour construire la croyance en vous, il faut procéder comme pour être seul : petit à petit. Prenez une ou deux idées (toutes petites) que vous avez, et suivez-les. Cela peut être suivre un stage qui vous intéresse, faire de l’exercice, commencer à écrire une nouvelle, un article, un livre, faire de la recherche sur un sujet qui vous intéresse ou planifier une entreprise, commencez par faire un plan. Quoi que vous choisissiez, il est important qu’il s’agisse de quelque chose que vous, et seulement vous, désirez et voulez.

Puis, petit à petit, vous pouvez commencer à développer votre idée.

Il n’y a rien de mal à vouloir être bon, gentil et à vouloir aider les autres. Et c’est quelque chose que nous devons tous apprendre à faire. Mais dire « oui » a un coût. Il faut en être conscient. Et il faut surtout être conscient que le coût de ce « oui » peut être très élevé, trop élevé, lorsqu’en fait, nous voulons dire « non ». (Cyril Malka)

(1) Étude parue dans « Flourish : A Visionary New Understanding of Happiness and Well-being » de M. Seligman – 2012.

© 2015 – Malka

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