Anorexie et mort de mannequin

(24/11-2006) – La mort d’une jeune mannequin brasilienne de 21 ans suite à des complications dues à l’anorexie a relancé le débat sur l’industrie de la mode et les troubles de l’alimentation. Dans certaines villes, on considère même bannir les ultramaigres du podium.

Pour les experts-diététistes, les images de mannequins sous-alimentés ne sont qu’un des éléments dans les troubles de l’alimentation tels que l’anorexie et la boulimie. D’après les diététistes, les facteurs les plus importants sont biologiques et psychologiques.

Ana Carolina Reston, qui pesait tout juste 40 kilos lorsqu’elle est morte à Saõ Paulo le 14 novembre, était le deuxième mannequin à mourir de troubles cardiaques dus à l’anorexie en peu de temps. En août, Luisel Ramos, d’Uruguay, mourrait d’un arrêt du cœur sous un show. C’est ce qui a porté Madrid à interdire les mannequins affamés du défilé de mode de l’automne.

Cette prise de position a été applaudie par ceux qui traitent l’anorexie et la boulimie et l’industrie de la mode est face à des pressions colossales afin de cesser d’utiliser des mannequins au format ultraplat. Giorgio Armani a ainsi demandé à ses stylistes de ne plus utiliser ces mannequins.

Mais d’après les spécialistes des troubles de l’alimentation, si on se concentre sur la mode, on risque de croire que les raisons de ce trouble viennent de vouloir ressembler à un mannequin.

Or ce serait faire simplifier le problème. Bien sûr, le podium stigmatise et influence la maigreur et les jeunes filles n’entrent donc pas en contact avec ceux qui peuvent les aider. Même si les images jouent un rôle, celles-ci ne sont dangereuses que pour les personnes ayant déjà des dispositions à développer des troubles alimentaires.

Il y a en fin de compte beaucoup de facteurs qui contribuent à l’anorexie (caractérisée par un refus plus ou moins systématisé de s’alimenter) où à la boulimie (fringale, avec absorption massive et ininterrompue de grandes quantités de nourriture, suivie de vomissements provoqués ou d’endormissement).

D’après les recherches faites dans le domaine au Renfrew Center à Philadelphia (USA), les facteurs qui mènent à ces troubles alimentaires sont légion. Cela peut inclure un facteur génétique, une influence de l’environnement, des facteurs de caractère, comme un manque de confiance en soi, le perfectionnisme et l’angoisse, l’influence de l’environnement familial et souvent, un facteur activateur (la « goutte d’eau », pourra-t-on dire) qui pourra être une agression sexuelle ou perdre un être cher.

Chacun de ces éléments pris un à un n’est pas suffisant pour déclencher ces troubles et la cause de développement des symptômes est un peu différente chez chaque personne.

Beaucoup de chercheurs utilisent l’analogie du pistolet pour expliquer les troubles alimentaires : les gènes chargent le pistolet et l’environnement appuie sur la gâchette.

Une étude conduite en 2005 par l’Université de Caroline du Nord et de l’École de Médecine de Pittsburgh (USA) a identifié six traits principaux qui sont apparemment reliés aux gènes associés à l’anorexie et à la boulimie : le comportement obsessionnel, l’âge des premières règles, l’angoisse, L’indice de Masse Corporelle minimum, la façon de voir les erreurs commises et des obsessions reliées à la nourriture.

Une étude de jumeaux souffrants d’anorexie effectuée entre l’Université de Caroline du Nord (USA) et l’institut Karolinska à Stockholm (Suède) a conclu que la part de l’influence génétique dans les troubles alimentaires serait de bien plus que 50 %.

En ce moment même, une étude internationale cherche les gènes spécifiques susceptibles de mener à l’anorexie. L’étude implique environ 400 familles et coûtera au bas mot 10 millions de dollars (7,6 millions d’euros).

Quel que soit le facteur génétique, il faut admettre que l’influence culturelle peut jouer un rôle important dans les troubles alimentaires. Le paysage médiatique est en effet saturé d’images de Lindsay Lohan, Keira Knightley et autres étoiles épaisses comme des sandwichs de station service. Les filles sont bombardées par le message que « c’est bien d’être mince » (même si on leur répète qu’à notre époque, on appelait cela « maigre »).

Bien entendu, le facteur culturel n’est pas tout, sinon, chacun d’entre nous ayant lu un magazine de mode serait sous influence et il est important de faire le point sur la façon de penser de l’adolescente afin que celle-ci puisse prendre conscience de sa faiblesse et puisse se prendre en main et sortir d’affaire. (Cyril Malka)

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