(05/05-2025) – Vous pensez vivre une grande histoire d’amour passionnée, pleine de hauts et de bas ? Laissez-moi vous décevoir. Ce que vous appelez « passion » n’est peut-être qu’un lien traumatique bien ficelé. Un lien qui vous maintient captif dans une relation toxique, comme un prisonnier qui, comble de l’ironie, refuse qu’on lui ouvre la porte.
Aujourd’hui, plongeons dans les méandres du lien traumatique, cette dynamique qui maintient tant de personnes piégées dans des relations narcissiques. Attachez votre ceinture, car la vérité n’est pas toujours agréable à entendre.
Le lien traumatique est ce phénomène psychologique qui vous fait rester dans une relation malsaine caractérisée par la manipulation, l’invalidation et les abus émotionnels. C’est comme une drogue dont vous ne pouvez vous passer, même si vous savez pertinemment qu’elle vous détruit à petit feu.
Ce lien peut provenir d’expériences précoces, notamment dans votre famille d’origine avec un parent narcissique. Ces relations négligentes et chaotiques affectent votre forme d’attachement et vos attentes relationnelles. Vous finissez par associer amour et abus, ou par considérer toute relation comme un endroit où vous devez constamment travailler pour maintenir l’intérêt de votre partenaire.
Mais ne vous méprenez pas, le lien traumatique ne se limite pas à l’enfance. Il se manifeste le plus souvent dans les relations intimes adultes, mais peut aussi apparaître dans des amitiés proches ou même dans des contextes professionnels.
Maintenant, explorons les huit dynamiques qui caractérisent ces relations toxiques. Si vous en reconnaissez plus de trois, il serait peut-être temps de vous poser quelques questions…
« Il ne le pense pas vraiment », « Elle est juste stressée », « Mon parent a eu une enfance difficile »… Vous connaissez la chanson, n’est-ce pas ? Cette litanie d’excuses est la signature même des relations basées sur le lien traumatique.
Cette justification est en fait une manifestation de la dissonance cognitive. Quand ce que vous observez (il vous insulte) ne correspond pas à l’image que vous avez dans votre tête (il dit qu’il vous aime), votre cerveau entre en ébullition. Pour retrouver un équilibre mental, vous avez deux options : soit accepter la réalité (s’il m’insulte, peut-être qu’il ne m’aime pas vraiment), soit inventer une excuse pour justifier l’injustifiable.
Et devinez quelle option choisissent la plupart des personnes piégées dans un lien traumatique ? La seconde, évidemment. C’est plus confortable à court terme, mais terriblement destructeur à long terme.
Cette tendance à la justification commence souvent dans l’enfance. Un enfant de 5 ans face à un parent abusif ne va pas se dire « Tiens, mon parent est narcissique, c’est lui le problème ». Non, il va intérioriser la faute et donner des excuses au comportement parental. Et cette habitude devient un réflexe qui persiste à l’âge adulte.
« Bien sûr que je te soutiendrai quand tu retourneras à l’université », « Quand je prendrai ma retraite, on pourra voyager », « Je vais suivre une thérapie, je vais changer »… Les promesses d’un futur meilleur sont la spécialité des narcissiques.
Ces promesses vides apparaissent surtout quand vous commencez à montrer des signes de lassitude ou quand vous menacez de quitter la relation. Soudain, votre partenaire narcissique devient le champion des bonnes résolutions.
Le plus triste ? Si vous restez suffisamment longtemps dans cette relation, vous finissez par vous accrocher à ces promesses comme à une bouée de sauvetage. Elles deviennent la justification de votre choix de rester, alors qu’au fond, vous savez qu’elles ne se concrétiseront jamais.
Vous vivez dans l’espoir d’un avenir meilleur, mais vous ne vivez pas dans la réalité. Et pendant ce temps, votre vie défile…
Groundhog Day, version relation toxique. Vous avez cette même dispute, encore et encore, sans jamais trouver de résolution. Que ce soit à propos d’argent, du temps passé ensemble, de votre belle-mère ou des enfants, le sujet revient inlassablement sur le tapis.
Dans un couple sain, même si on n’est pas toujours d’accord, on finit par discuter, trouver un compromis et passer à autre chose. On peut avoir une ou deux disputes sur le même sujet, puis c’est réglé.
Mais dans une relation narcissique ? La même dispute, les mêmes arguments, la même façon d’agir, et toujours sans solution. Un peu comme si vous étiez condamné à rejouer éternellement la même scène d’un mauvais film.
L’élément que beaucoup oublient : les personnalités toxiques sont psychorigides et ne changent pas. Il n’y aura jamais de reconnaissance, jamais de remise en question, jamais de concession de leur part. La seule adaptation possible vient de vous. Et si vous refusez de céder sur des principes importants, le cycle continuera ad vitam æternam.
« Il y a quelque chose entre nous que les autres ne peuvent pas comprendre », « Notre amour est différent », « C’est violent parfois, mais c’est parce que c’est passionné »… Ces explications nébuleuses sont typiques du lien traumatique.
Quand quelqu’un vous fait remarquer que votre relation semble malsaine, vous sortez l’artillerie lourde des justifications mystiques. Le problème ? Ces explications ne tiennent pas debout et ne font que vous maintenir prisonnier.
Si on vous demande ce qui vous plaît chez cette personne, vous répondrez probablement « Il/elle est gentil(le) ». Franchement ? La gentillesse est le minimum syndical dans une relation, pas une qualité exceptionnelle méritant une médaille d’or.
Ces croyances mystiques sont des bulles de savon qui éclatent dès qu’on les examine de près.
Même quand vous commencez à reconnaître que cette relation n’est pas saine, la peur vous paralyse. Il y a bien sûr les contraintes pratiques, comme les questions financières, mais le véritable blocage est plus profond.
C’est le doute de soi. « Et si j’avais tort ? » Après des années à justifier, à douter, à être confus, l’idée même de partir devient terrifiante. Au moins, avec cette personne toxique, vous savez à quoi vous attendre.
Cette peur ressemble étrangement à celle qu’éprouvent les membres d’une secte à l’idée de quitter leur groupe. On leur a tellement répété que le monde extérieur est hostile et dangereux qu’ils préfèrent rester dans un environnement qu’ils savent pourtant malsain.
Mais croyez-moi, avec l’aide d’un professionnel qui comprend ces mécanismes, sortir est non seulement possible, mais vous ne le regretterez jamais.
Dans une relation toxique, vous finissez par jouer tous les rôles : partenaire, ami, thérapeute, parent, assistant personnel, chef, femme de ménage, supporter… Vous essayez désespérément d’être tout ce dont votre partenaire a besoin, dans l’espoir illusoire que cela suffira enfin.
Et le comble de l’ironie ? Quand votre partenaire narcissique vous abandonne pour quelqu’un d’autre, vous vous demandez si cette nouvelle personne pourra lui donner ce que vous n’avez pas pu lui offrir.
Flash info : ils ne seront jamais satisfaits. Ce n’est pas parce que vous êtes inadéquat, mais parce qu’ils sont incapables d’être heureux, avec vous ou avec quiconque d’autre.
C’est peut-être l’aspect le plus douloureux du lien traumatique. Vous avez l’impression que vous ne pouvez plus partager vos sentiments, vos besoins ou vos vulnérabilités. Et ce n’est pas qu’une impression : c’est la réalité.
Vous savez pertinemment que si vous exprimez vos besoins, vous serez blessé en retour. Alors vous adoptez une stratégie de survie : marcher sur des œufs, retenir vos émotions, taire vos désirs.
Cette façon de faire peut effectivement maintenir la relation en vie, mais à quel prix ? Vous dévaluez progressivement votre propre personne, vos besoins, vos émotions. Vous devenez l’ombre de vous-même, pour préserver l’illusion d’une relation qui n’existe que dans votre tête.
Le prix à payer est exorbitant pour ce que vous en retirez. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Je vous laisse y réfléchir.
Quand vous commencez à prendre conscience de ce qui se passe dans votre relation, vous entrez dans un cycle de défense, non seulement envers vous-même, mais aussi face au monde extérieur.
Comme un enfant qui a grandi dans un foyer abusif et qui parle pourtant de ses parents en termes élogieux, vous décrivez votre relation comme merveilleuse aux yeux des autres. La honte d’admettre la vérité est trop écrasante.
Vous rationalisez, vous ne parlez que des bons côtés, vous construisez une façade. Vous avez tellement investi dans cette relation que vous craignez que tout s’écroule si vous retirez ne serait-ce qu’une seule brique de votre édifice de justifications.
Mais cette façade finit par se fissurer. Et quand elle s’effondre, la réalité vous frappe de plein fouet.
Beaucoup de personnes me disent : « Quand je rencontre quelqu’un de gentil, stable, compatissant, sans drame, je ne ressens aucune connexion. » Ce qu’elles décrivent, c’est l’absence de chaos, l’absence de ces montagnes russes émotionnelles auxquelles elles sont accoutumées.
Elles confondent le lien traumatique avec l’amour. Et ces deux choses n’ont absolument rien à voir.
L’amour véritable est bien plus puissant que le lien traumatique. Le jour où vous aimerez quelqu’un, ou serez aimé par quelqu’un pour qui vous êtes réellement, vous verrez la différence. Dans une relation saine, il n’y a pas de honte, rien à cacher, pas besoin de se poser mille questions, pas besoin de décortiquer chaque mot prononcé, pas besoin de marcher sur des œufs.
Non, heureusement, ce n’est pas une condamnation à perpétuité. Oui, il peut changer, mais c’est laborieux et difficile. Cela demande du travail et, souvent, l’aide d’un professionnel qui comprend ces mécanismes et peut vous accompagner dans ce processus de libération.
Le lien traumatique n’est pas une fatalité. Vous pouvez vous en libérer et découvrir ce qu’est une relation saine, basée sur le respect mutuel, la confiance et l’amour véritable.
Si vous vous êtes reconnu dans certains de ces schémas, ne vous flagellez pas. Le lien traumatique est un mécanisme de survie que votre cerveau a développé pour faire face à des situations complexes et douloureuses.
Mais maintenant que vous êtes conscient de ces dynamiques, vous avez le pouvoir de choisir. Continuer sur cette voie, ou entamer un chemin de guérison qui vous mènera vers des relations plus saines et épanouissantes.
La cage dans laquelle vous vivez a une porte. Et la clé est entre vos mains. À vous de décider si vous voulez l’utiliser.
Souvenez-vous: l’amour ne fait pas mal. L’amour ne vous demande pas de vous diminuer. L’amour ne vous demande pas de justifier l’injustifiable.
L’amour vous élève, vous fait grandir, vous respecte dans votre intégralité.
Et vous méritez cet amour-là. Pas le simulacre qu’est le lien traumatique. (Cyril Malka)
La liste de diffusion
Cliquez sur le bouton pour vous inscrire à ma liste diffusion pour recevoir un message lorsque je mets un nouveau texte ou une nouvelle en ligne.