Ma dernière vidéo YouTube
(06/03-2025) – Dans le théâtre des relations toxiques, le narcissique est un acteur hors pair qui excelle particulièrement dans l’art de transformer les plaisirs ordinaires en instruments de pouvoir. Aujourd’hui, j’aborde un sujet délicat mais nécessaire : la relation entre le narcissisme et la consommation de pornographie.
D'emblée, précisons que cet article ne porte aucun jugement moralisateur. Si un adulte souhaite consommer de la pornographie présentant des personnes consentantes et majeures, cela relève de sa liberté personnelle. Mon propos n’est pas de déterminer ce qui constitue de la « bonne » ou « mauvaise » pornographie.
Ce qui m’intéresse, c’est la situation spécifique où une personne (généralement un homme, sans vouloir offenser quiconque) consomme de la pornographie alors qu’il est en couple, et que son partenaire lui exprime clairement son malaise : « Écoute, s’il te plaît, je me sens irrespectée quand tu regardes de la pornographie, ça me blesse. »
Et c’est là que le narcissique se révèle dans toute sa splendeur : non seulement il n’arrête pas, mais sa consommation devient presque compulsive.
Si je devais résumer cet article en une phrase, ce serait celle-ci : les narcissiques regardent plus de pornographie, et de façon plus compulsive, que les personnes qui ne présentent pas de traits narcissiques. Cela ne signifie pas que toute personne qui consomme beaucoup de pornographie est narcissique – la corrélation ne fonctionne pas dans ce sens. Mais l’inverse est statistiquement avéré : la personnalité narcissique s’accompagne souvent d’une consommation de pornographie plus intensive que la moyenne.
Pour beaucoup de personnes qui ont vécu une relation avec un narcissique, cette révélation n’a rien de surprenant. La consommation excessive de pornographie de leur partenaire a probablement été une source chronique d’inconfort et, plus spécifiquement, un profond sentiment de trahison.
Une étude publiée en 2014 par Casper et ses collègues a démontré des associations significatives entre la consommation de pornographie sur internet et plusieurs mesures de narcissisme. En d’autres termes, plus le degré de narcissisme était élevé chez les sujets étudiés, plus leur consommation de pornographie était importante.
Cette corrélation n’est pas le fruit du hasard. L’architecture même du narcissisme correspond parfaitement à ce que propose la pornographie. L’un des déficits fondamentaux du narcissisme est précisément l’incapacité à développer une véritable intimité. Pour les individus narcissiques, les relations sont instrumentalisées, utilisées comme outil pour réguler leur estime de soi. Ces relations ne sont pas basées sur l’amour, la réciprocité ou le respect mutuel – le narcissique cherche simplement à obtenir ce qu’il veut, quand il le veut, de l’autre personne.
Dans une perspective saine, le sexe est indissociable de l’émotion et de la connexion – on « fait l’amour », on communique à travers ce langage intime. Mais vu à travers le prisme limité du narcissique, le sexe devient une question de pouvoir, de gratification immédiate, de contrôle, de performance et de validation.
La pornographie, par sa nature même, répond parfaitement à ces besoins déformés. Elle extrait le sexe de son contexte relationnel pour en faire une marchandise consommable à la demande. Elle ne requiert aucune empathie, aucune connexion réelle, aucune réciprocité, aucun respect ni considération pour l’autre. Tout y est superficiel, visuel, et selon les thèmes explorés, elle peut même mettre en scène dégradation, contrôle et jeux de pouvoir.
Plus important encore : la pornographie n’exige rien du narcissique, si ce n’est peut-être un abonnement à quelques sites. C’est exactement ce qu’il recherche dans ses relations : aucune exigence, aucune pression, aucune demande – uniquement de la gratification immédiate. La pornographie est pratique, et c’est précisément ce que les narcissiques valorisent le plus dans leurs relations.
Lorsqu’un partenaire confronte son partenaire narcissique à propos de sa consommation excessive de pornographie, la manipulation entre immédiatement en jeu. Le répertoire des justifications est aussi prévisible qu’inefficace :
« Mais tout le monde regarde du porno, ce n’est pas si grave. »
« Les hommes sont visuels, c’est dans notre nature. »
Il est intéressant de noter qu’une étude menée au Danemark avait démontré qu’à une certaine époque, les femmes y consommaient plus de pornographie que les hommes. L’argument du « c’est hormonal, on n’y peut rien » ne tient donc pas la route. Mais là n’est pas l’essentiel.
L’aspect le plus révélateur de ces pseudo-justifications est qu’aucune ne prend en compte le fait que leur partenaire est blessé et dérangé par cette consommation. Elles témoignent d’un refus de reconnaître la trahison ressentie et constituent une manifestation évidente du manque total d'empathie caractéristique du narcissisme, ainsi que de leur besoin chronique de justifier leur comportement.
Et si vous persistez à exprimer votre malaise, les accusations s’intensifient :
« Tu es prude. »
« Tu es coincée. »
Puis vient l’accusation suprême :
« Je regarde de la pornographie parce que TU n’as pas suffisamment de relations sexuelles avec moi. »
Cette stratégie rappelle celle des alcooliques qui rejettent la responsabilité de leur addiction sur leur entourage. Les narcissiques n’assument jamais leurs responsabilités, surtout lorsqu’ils sont perçus négativement. La honte d’être pris en flagrant délit se transforme instantanément en rage, et ils contre-attaquent en vous accusant.
Plutôt que de se voir comme des individus avec des comportements sexuels problématiques (surtout les narcissiques grandioses qui ne supportent pas cette image dégradante), ils présentent leur comportement comme parfaitement normal. Et si vous osez les confronter, préparez-vous à en subir les conséquences. Vous entendrez alors des arguments encore plus blessants :
« Si tu n’avais pas pris du poids, je n’en serais pas là. »
« Ça vaut mieux que je te trompe, non ? »
Ce dernier argument est particulièrement pernicieux – un choix entre la peste et le choléra qui ne tient absolument pas debout.
Face à cette avalanche de manipulations, beaucoup finissent par douter de leur propre jugement. « Peut-être que ce qu’il fait est normal, après tout ? Peut-être que c’est moi qui exagère ? »
Mon conseil est simple : tenez-vous à votre réalité. Si quelque chose ne vous semble pas correct, c’est probablement parce que ça ne l’est pas. Nous sommes allés trop loin dans cette tendance à vouloir comprendre et normaliser des comportements problématiques. Si vous ressentez qu’une situation n’est pas normale, faites confiance à votre intuition.
Malheureusement, de nombreuses personnes finissent par étendre leurs limites personnelles, se disant « mieux vaut qu’il regarde de la pornographie plutôt qu’il me trompe ». Elles repoussent leurs frontières jusqu’à un point d’inconfort extrême pour éviter les conflits. Cette concession n’est pas saine pour votre équilibre mental – vous n’êtes pas obligé de céder à ces manipulations.
Certains se demanderont : « Mais que dire des couples qui regardent de la pornographie ensemble ? » Cette pratique existe et est plus répandue qu’on ne pourrait le croire. Dans ces cas, la pornographie s’intègre à la vie sexuelle du couple comme source d’inspiration mutuelle.
Mais ce n’est généralement pas ce qui se produit dans une relation narcissique. La consommation y est excessive, compulsive, et surtout solitaire. Ce n’est pas une collaboration ou une conversation, mais une activité cachée qui ne fait pas partie de votre vie commune.
Un aspect particulièrement problématique est que les narcissiques entretiennent déjà des opinions dédaigneuses envers les personnes qu’ils cherchent à contrôler. La pornographie, souvent conçue pour rabaisser et humilier, ne fait que renforcer ces stéréotypes désobligants, particulièrement envers les femmes. Elle confirme et conforte leur conception déformée de la vie de couple et de la sexualité.
Rappelons-nous que la sexualité narcissique est fondamentalement performative. Les narcissiques aiment se mettre en scène au lit, même si, avec le temps, ils finissent par se préoccuper davantage de leur propre plaisir que du vôtre. C’est avant tout une prestation.
On comprend alors leur attrait pour la pornographie, qui met en scène des corps parfaitement entretenus (du moins jusqu’à un certain âge – à partir d’un moment, l’industrie pousse les femmes de 25 ans à en paraître 40), dans des positions et des circonstances souvent improbables. Tout y est grandiose, à l’image du sexe narcissique : grandiose et dépouillé de toute intimité véritable.
Le risque est que ces suppositions grandioses s’invitent progressivement dans la chambre à coucher. Les relations sexuelles changent alors de nature. De nombreuses personnes témoignent que les premiers temps de leur relation avec un narcissique étaient marqués par une sexualité excitante – c’est ce qui les a « accrochées ». Mais ce sexe performatif, que le narcissique recherche pour obtenir validation, s’intensifie avec le temps. Les demandes sexuelles deviennent de plus en plus exigeantes, poussées par ce besoin constant de nouveauté, de performance et, dans une certaine mesure, de dénigrement.
Lorsque le partenaire ne peut plus suivre ces exigences croissantes, le narcissique se tourne vers Internet pour assouvir ses désirs.
Chacun perçoit la consommation de pornographie différemment. Certains y voient une trahison, d’autres y sont indifférents, d’autres encore en sont dégoûtés. L’essentiel est de ne pas juger négativement votre propre réaction.
Si votre partenaire refuse de respecter vos limites et vos demandes légitimes, c’est peut-être un signal d’alarme qui devrait vous inciter à prendre du recul. Lorsque les relations intimes se dégradent et que le respect et l’intimité ne sont plus honorés, il est temps de faire preuve de vigilance. Ces dynamiques révèlent souvent des problèmes plus profonds dans la relation, et il est peut-être temps d’envisager d’autres horizons.
La consommation excessive de pornographie chez les narcissiques n’est pas un phénomène anodin, mais un symptôme révélateur de leur incapacité fondamentale à établir des relations authentiques basées sur le respect mutuel. Elle illustre parfaitement comment ils instrumentalisent même les aspects les plus intimes d’une relation pour servir leurs besoins d’auto-validation et de contrôle.
Si vous vous reconnaissez dans les situations décrites, rappelez-vous que vos sentiments sont légitimes et que vos limites méritent d’être respectées. La véritable intimité ne peut s’épanouir que dans un contexte de confiance, de réciprocité et de considération pour l’autre – tout ce que le narcissique est incapable d’offrir.
N’hésitez pas à vous tourner vers des ressources de soutien si vous vous trouvez dans une relation où ces dynamiques sont présentes. Votre bien-être émotionnel mérite d’être préservé, et parfois, le meilleur chemin vers la guérison passe par la décision difficile mais libératrice de reprendre votre autonomie.
Sources: Étude publiée en 2014 par Casper et collègues démontrant les associations entre consommation de pornographie sur Internet et mesures de narcissisme.
La liste de diffusion
Cliquez sur le bouton pour vous inscrire à ma liste diffusion pour recevoir un message lorsque je mets un nouveau texte ou une nouvelle en ligne.
