(02/02-2025) – Quand la maladie frappe à notre porte, elle bouleverse non seulement notre quotidien mais également celui de nos proches.

Dans une relation saine, ce moment difficile devient souvent une occasion de renforcer les liens, de se soutenir mutuellement et de traverser ensemble cette épreuve.

Pourtant, dans le contexte d’une relation avec une personne narcissique, la maladie peut révéler une tout autre dynamique, beaucoup plus sombre et destructrice.

La question mérite d’être posée : avez-vous déjà vécu une situation où votre partenaire vous a reproché les désagréments causés par votre maladie ?

Cette réalité, aussi brutale soit-elle, est malheureusement courante dans les relations marquées par le narcissisme.

Le narcissique face à la maladie : une réaction qui en dit long

Imaginez un instant : vous traversez une période difficile, que ce soit un cancer, une maladie chronique, une intervention chirurgicale importante, ou même une grossesse…

Ces moments de vulnérabilité, qui nécessitent naturellement soutien et compréhension, deviennent sous le regard du narcissique des sources de contrariété et de reproches.

Là où la plupart des partenaires se serreraient les coudes pour surmonter l’épreuve ensemble, le narcissique adopte une posture radicalement différente.

Avec leur subtilité caractéristique naturelle, les personnes narcissiques ne manquent pas de faire comprendre à quel point votre état de santé les dérange.

Les commentaires peuvent prendre diverses formes, mais le message reste le même : votre maladie est un fardeau pour eux.

« Cette chimiothérapie, la perte de cheveux, devoir te conduire à l’hôpital constamment, gérer la paperasse avec les assurances… tout ça m’a vraiment compliqué la vie. »

Ou encore : « Il faut que tu comprennes à quel point ça a été dur pour moi après ton opération, ça a totalement perturbé mon emploi du temps, j’étais vraiment stressé. »

La réalité déformée du narcissique

Pour comprendre cette réaction qui peut sembler presque sadique, il faut saisir un élément fondamental de la personnalité narcissique : pour eux, la seule réalité qui compte est la leur.

Lorsqu’un événement comme la maladie survient chez leur partenaire, ils le perçoivent comme une offense personnelle.

Comment osez-vous avoir une expérience qui ne les concerne pas directement ?

Cette situation les confronte à une réalité qu’ils ne peuvent pas contrôler ni faire tourner autour d’eux.

Le déplacement de l’attention est particulièrement insupportable pour le narcissique.

Quand la maladie frappe, l’entourage se mobilise naturellement : visites de soutien, messages d’encouragement, petites attentions…

Tout cet élan de solidarité qui ne leur est pas destiné devient une source de frustration intense.

Le fait que les conversations tournent autour de vous, de votre courage face à la maladie, représente pour eux une forme d’affront insupportable.

La minimisation : une stratégie récurrente

Face à la maladie de leur partenaire, les narcissiques développent souvent une stratégie de minimisation particulièrement cruelle.

« Ce n’est qu’un cancer de stade 3, si au moins c’était un stade 4… » ou encore « Ce ne sont que des cellules précancéreuses, c’est à peine plus qu’un rhume. »

Cette tendance à minimiser la gravité de votre état révèle non seulement leur manque total d'empathie mais aussi leur besoin constant de reprendre le contrôle de la situation en diminuant son importance.

Cette minimisation peut également être liée à leur propre peur de la mortalité et de la déchéance physique.

Les narcissiques, souvent très attachés à leur image, peuvent voir dans votre maladie un rappel dérangeant de leur propre vulnérabilité. Cependant, cette dimension, bien que présente, n’est généralement pas l’élément principal de leur réaction négative.

Les deux phases de la réaction narcissique

La réponse du narcissique à la maladie de son partenaire se manifeste généralement en deux phases distinctes.

La première phase se déroule pendant la maladie elle-même, marquée par des commentaires désobligeants réguliers et une attitude qui fait sentir au malade qu’il est un fardeau.

« Tu ne vas pas encore nous embêter avec tes douleurs… » ou « Est-ce vraiment nécessaire d’aller aux urgences maintenant ? Je suis en pleine partie importante… »

La seconde phase survient après la guérison ou l’amélioration de l’état de santé. C’est souvent à ce moment que le narcissique choisit de « régler ses comptes », exposant en détail tous les désagréments que votre maladie lui a causés.

Cette phase est particulièrement destructrice car elle révèle la véritable nature de la relation : votre souffrance n’a jamais été prise en compte, seul leur inconfort comptait.

Un témoignage personnel révélateur

Pour illustrer cette dynamique, je vais partager une expérience personnelle.

Suite à un grave accident où je suis tombé dans un escalier de cave, j’ai subi un traumatisme crânien sévère avec hémorragie cérébrale.

L’accident était si grave que j’ai été cliniquement mort pendant quelques instants, sauvé in extremis par un ami présent sur place.

Les séquelles étaient importantes : perte de mémoire, impossibilité temporaire d’exercer mon métier, nécessité d’une longue rééducation.

Pendant ma convalescence, j’ai dû m’isoler dans une cave aménagée pour me protéger du bruit et de la lumière.

Mon ex-femme, plutôt que de se concentrer sur mon rétablissement, s’est positionnée comme la véritable victime de la situation.

Elle se plaignait d’avoir dû gérer seule les enfants, minimisant complètement la gravité de mon état.

L’exemple le plus frappant fut peut-être la découverte de la mort de mes tortues de compagnie, dont elle avait négligé de s’occuper, m’annonçant leur décès avec une désinvolture choquante : « Je n’avais pas le temps de m’occuper de tes animaux, j’avais déjà assez à faire. »

Les signaux d’alarme à ne pas ignorer

Ces comportements, aussi douloureux soient-ils, constituent des signaux d’alarme précieux qu’il ne faut pas négliger.

Ils révèlent une vérité fondamentale sur la relation : vous ne compterez jamais autant que le narcissique lui-même, et vous ne pourrez pas compter sur cette personne en cas de véritable besoin.

Cette prise de conscience est importante, car elle permet d’anticiper l’avenir.

Si vous choisissez de rester dans une telle relation, il devient impératif de développer un « plan B », une stratégie alternative pour faire face aux situations difficiles sans compter sur le soutien de votre partenaire.

Cette nécessité est particulièrement vraie en ce qui concerne les problèmes de santé, mais elle s’étend en réalité à tous les aspects de la vie qui pourraient nécessiter un soutien émotionnel ou pratique.

L’amour véritable se révèle dans l’adversité

Il est important de comprendre que le véritable test d’une relation n’est pas dans les moments de bonheur et d’insouciance.

Le « love bombing » initial, ces périodes où tout semble merveilleux, avec les voyages romantiques et les déclarations passionnées, ne constituent pas des preuves d’amour authentique. C’est dans l’adversité que se révèle la véritable nature d’une relation.

L’amour véritable se manifeste par la présence d’une épaule sur laquelle s’appuyer quand les temps sont difficiles, par un soutien inconditionnel face aux épreuves de la vie, et par une capacité à mettre de côté ses propres besoins pour prendre soin de l’autre.
L’absence de ces éléments dans une relation avec un narcissique n’est pas un accident : c’est une caractéristique fondamentale de leur personnalité.

Prendre les bonnes décisions

Face à ces révélations, il appartient à chacun de prendre les décisions qui s’imposent pour son bien-être futur.

Si vous avez vécu une expérience de maladie qui a mis en lumière le comportement narcissique de votre partenaire, considérez cela comme un avertissement précieux.

Que vous choisissiez de rester dans la relation ou de la quitter, cette prise de conscience doit vous permettre d’adapter vos attentes et vos stratégies de protection personnelle.

Dans tous les cas, rappelez-vous que vous méritez d’être entouré de personnes capables d'empathie et de soutien véritable.

La maladie, aussi difficile soit-elle, peut paradoxalement devenir une opportunité de clarification relationnelle, vous permettant de voir qui est réellement là pour vous dans les moments difficiles.

C’est peut-être l’une des leçons les plus précieuses que ces épreuves peuvent nous enseigner. (Cyril Malka)