(03/10-2024) – Avez-vous entendu parler du rappel euphorique? Non, ce n’est pas le nom d’un nouveau groupe de rock, même si ça sonne plutôt cool. C’est en fait un phénomène psychologique qui nous fait voir la vie en rose… même quand elle était plutôt grise, voire carrément noire.
Vous savez, c’est ce moment où vous vous dites : « Ah, c’était quand même le bon temps ! » alors que, franchement, c’était plutôt la galère. Ou quand vous pensez à votre ex narcissique en vous disant : « Il/Elle n’était pas si mal après tout », alors qu’en réalité, c’était plutôt l’enfer sur terre. Eh bien, félicitations ! Vous êtes probablement en plein rappel euphorique.
Mais ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas seul dans ce bateau. C’est un truc qui arrive à plein de gens, surtout après une relation toxique ou narcissique.
Imaginez que votre mémoire soit comme un grand album photo.
Le rappel euphorique, c’est comme si quelqu’un avait pris toutes les jolies photos, les avait mises en avant, et avait planqué toutes les moches au fond d’un tiroir.
Résultat ? Vous vous retrouvez à regarder votre passé avec des lunettes roses, en oubliant tous les moments difficiles.
En gros, c’est une sorte de mémoire sélective qui vous fait vous souvenir des bons moments et oublier les mauvais. C’est comme si votre cerveau faisait le tri et ne gardait que le meilleur.
Sympa, non ?
Eh bien, pas vraiment, surtout quand il s’agit de relations toxiques.
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles on se retrouve à faire du rappel euphorique :
Ah, les relations narcissiques ! C’est comme un manège à sensations fortes, sauf que vous finissez par avoir la nausée et que si vous descendez en marche, vous prenez le risque de vous écraser lamentablement.
Le rappel euphorique, c’est ce qui vous fait rester sur ce manège même quand vous avez envie de vomir.
Dans une relation narcissique, le rappel euphorique peut commencer très tôt.
Vous vous souvenez de ce moment magique où il vous a offert des fleurs ? Ou de cette soirée incroyable où vous avez dansé jusqu’au bout de la nuit ? Eh bien, votre cerveau s’accroche à ces moments-là comme un koala à son eucalyptus. Et pendant ce temps-là, il oublie gentiment toutes les fois où votre narcissique vous a fait pleurer, vous a rabaissé ou vous a fait douter de votre santé mentale.
C’est ce qui rend ces relations si difficiles à quitter. Vous vous retrouvez coincé dans ce que j’appelle le syndrome du « c’est trop bon pour partir, mais trop mauvais pour rester ».
C’est comme si vous étiez sur une balançoire émotionnelle : un coup en haut avec les bons souvenirs, un coup en bas avec la réalité pas si rose.
Et le pire, c’est que le narcissique sait très bien utiliser ce rappel euphorique à son avantage: C’est ce qu’on appelle l’aspiration (ou la réaspiration pour les habitués).
Quand il sent que vous êtes sur le point de partir, hop ! Il sort le grand jeu : fleurs, déclarations d’amour, promesses de changement. Et vous, avec votre rappel euphorique qui tourne à plein régime, vous vous dites : « Ah, je savais bien qu’au fond, il était génial! ». Et c’est reparti pour un tour de manège.
Parlons un peu famille, voulez-vous ? Le rappel euphorique, c’est aussi ce qui vous fait dire que votre enfance était formidable, même si en réalité, c’était plutôt « Massacre à la tronçonneuse » version familiale.
Je me souviens d’une anecdote personnelle. J’avais 15 ou 16 ans, j’étais avec des copines plus âgées, et l’une d’elles m’a demandé comment était mon père.
Ma première réaction ?: « Oh, mon père est fantastique, incroyable ! ».
Et puis, sans m’en rendre compte, j’ai commencé à raconter la réalité de la vie à la maison. Je vous laisse imaginer la tête de mes copines qui passaient de « Wow, quel père génial » à « Oh mon Dieu, appelle les services sociaux ».
C’est ça, le rappel euphorique en famille. On a tellement envie de croire que tout allait bien, qu’on était une famille heureuse, qu’on finit par se convaincre que c’était le cas.
Et puis, il y a aussi cette pression de la société : « Tu ne dois pas dire du mal de tes parents », « Il faut respecter sa famille », etc. Tout ça, ça nous pousse à garder une image idéalisée, même si la réalité était bien différente.
Et n’oublions pas les autres membres de la famille qui jouent les facilitateurs : « Mais non, ton père/ta mère est formidable ! », « Ils se sont sacrifiés pour toi ! ». C’est comme si tout le monde s’était passé le mot pour réécrire l’histoire familiale en version Disney.
Eh oui, le rappel euphorique ne s’arrête pas à la porte de votre bureau. Il vous suit même au boulot, le coquin !
Imaginez : vous avez un projet difficile, un chef qui vous crie dessus H24, des collègues à bout de nerfs. C’est l’enfer pendant des semaines. Mais miracle ! Le projet se termine bien, vous recevez une prime, tout le monde vous félicite. Et là, paf ! Le rappel euphorique entre en scène.
Soudain, vous vous retrouvez à dire des trucs du genre : « Ah, c’était une super expérience ! », « On a tous bossé dur, mais ça en valait la peine ! », « Le chef criait un peu, mais c’est normal, c’était stressant ». Et hop, vous revoilà prêt à recommencer sur le prochain projet, en oubliant à quel point c’était horrible.
C’est comme ça que certaines entreprises arrivent à garder leurs employés malgré des conditions de travail pas top. Le rappel euphorique, c’est un peu le meilleur ami des patrons toxiques !
Alors, vous vous dites peut-être : « Bah, c’est pas si grave de voir le passé en rose, non ? ».
Eh bien, détrompez-vous !
Le rappel euphorique, c’est un peu comme ces lunettes 3D au cinéma : ça rend tout plus joli, mais ce n’est pas la réalité.
Le problème, c’est que ça peut vous maintenir dans des situations toxiques. Que ce soit une relation abusive, une famille dysfonctionnelle ou un travail qui vous rend malheureux, le rappel euphorique vous empêche de voir la réalité en face.
C’est comme si vous étiez coincé dans une boucle infernale : abus, rappel euphorique, encore plus d’abus, encore plus de rappel euphorique… Et ainsi de suite jusqu’à ce que vous vous retrouviez complètement perdu et épuisé.
En plus, ça vous empêche de grandir et d’apprendre de vos expériences. Si vous ne voyez que le bon côté des choses, comment voulez-vous éviter de répéter les mêmes erreurs ?
Bon, ne désespérez pas ! Il existe des moyens de combattre ce satané rappel euphorique. Voici quelques astuces :
Attention, je ne suis pas en train de vous dire qu’il faut voir tout en noir ! Il y a une différence entre avoir des souvenirs heureux et être victime du rappel euphorique.
Les souvenirs heureux, c’est normal et même souhaitable. C’est ce qui nous permet d’apprécier la vie et de garder espoir dans les moments difficiles.
Le problème du rappel euphorique, c’est qu’il déforme la réalité et vous empêche de voir l’ensemble du tableau.
C’est un peu comme si vous regardiez un film en ne vous souvenant que des scènes d’action cool, en oubliant complètement que le scénario était nul et que les dialogues faisaient pleurer (de rire).
Oui, il y avait des explosions sympas, mais est-ce que ça en faisait vraiment un bon film ?
Dans une relation saine, il y a des hauts et des bas, des moments géniaux et des moments moins cool. Mais globalement, c’est stable et positif.
Dans une relation toxique, il y a peut-être quelques moments intenses et géniaux, mais le reste du temps, c’est l’enfer.
Le rappel euphorique vous fait oublier l’enfer pour ne garder que les moments géniaux.
Le rappel euphorique, c’est un peu comme ces lunettes que vous mettez quand vous avez bu un verre de trop : tout a l’air plus joli, mais vous risquez de vous prendre les pieds dans le tapis (ou pire).
L’objectif n’est pas de devenir cynique ou de ne voir que le négatif. Il s’agit simplement d’être réaliste et honnête avec soi-même. Oui, il y a eu de bons moments. Mais non, ça ne justifie pas les mauvais traitements, les abus ou le mal-être constant.
Rappelez-vous : une relation saine, que ce soit en amour, en famille ou au travail, ce n’est pas juste une collection de moments intenses. C’est une stabilité, un respect mutuel, un bien-être au quotidien. Si vous devez chercher très loin dans votre mémoire pour trouver des moments heureux, c’est peut-être le signe qu’il est temps de remettre les choses en question.
Alors, la prochaine fois que vous vous surprenez à dire « C’était quand même le bon temps », prenez une seconde pour réfléchir. Était-ce vraiment le bon temps, ou est-ce que votre cerveau vous joue des tours ?
Et souvenez-vous : si vous vous reconnaissez dans tout ça, vous n’êtes pas seul. Le rappel euphorique, c’est comme ces mauvaises herbes dans le jardin : ça pousse tout seul, mais avec un peu d’effort et les bons outils, on peut s’en débarrasser.
Sur ce, je vous laisse méditer là-dessus. Et si vous avez des astuces personnelles pour combattre le rappel euphorique, n’hésitez pas à les partager ! Après tout, on est tous dans le même bateau (même si parfois, on a l’impression que c’est le Titanic). (Cyril Malka)
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