Relation Toxique – Caliméro, le Grand Méchant Loup.

(05/09-2024) – Avez-vous entendu parler de la dynamique victime-tyran dans les relations narcissiques? Je pense que oui, même si vous ne lui avez pas donné ce nom là, car que je sache, il n’y a pas de terme officiel.

Une chose est sûre: si vous avez déjà eu affaire à un narcissique dans votre vie (et je suis prêt à parier que c’est le cas pour beaucoup d’entre vous), vous avez probablement déjà rencontré cette dynamique, même si vous ne saviez pas comment la nommer.

Qu’est-ce que cette fameuse dynamique victime-tyran ?

Ce que j’appelle le syndrome de victime-tyran, c’est un des processus de base du narcissisme. C’est comme le pain et le beurre du narcissique, si vous voulez.

En fait, vous pouvez simplement l’appeler narcissisme, ça suffit largement. Mais comprendre cette dynamique spécifique, c’est comme avoir une clé pour décoder le comportement des narcissiques.

Pourquoi c’est si important de comprendre ça ?

Il y a plusieurs raisons. La première raison, et la plus importante, est que si vous êtes dans une relation narcissique, que ce soit au travail, à la maison ou avec vos amis, vous allez subir cette dynamique si ce n’est pas déjà fait. Être préparé, c’est être armé.

Ensuite, ça vous éclaire sur le fonctionnement du narcissique et ça aide à comprendre ce qu’on appelle le « lien traumatique ».

Et enfin, c’est un phénomène qui est au cœur de la personnalité narcissique et c’est entre autre ce qui rend les relations avec les narcissiques si toxiques et difficiles à quitter.

D’ailleurs, si le sujet vous intéresse vraiment (et il devrait, croyez-moi), on travaille justement sur le lien traumatique dans mon club de guérison Revivre. Petite pub gratuite, mais si ça peut aider quelqu’un…

Comment ça se manifeste concrètement ?

Imaginons un scénario: Vous avez affaire à une personnalité narcissique. Ça peut être n’importe où : au boulot, dans votre famille, votre partenaire… Peu importe. Ce qui compte, c’est le comportement.

Cette personne est… disons… difficile. Elle se met en colère facilement, elle est égoïste, elle exige que tout se passe comme elle veut. Bref, le package narcissique classique.

Résultat ? Tout le monde autour marche sur des œufs.

• Au boulot, les collègues font gaffe à ne pas faire de bourde qui pourrait être mal interprétée.
• À la maison, on évite soigneusement les sujets qui fâchent.
• Partout, les gens s’adaptent, se plient en quatre pour éviter les crises.

Et puis un jour, paf ! Quelqu’un craque. Ça peut être vous, ça peut être quelqu’un d’autre.

Et pour une fois, au lieu de s’écraser comme d’habitude, il y a une « révolte ». Quelqu’un dit « Stop, ça suffit maintenant ! ». On remet les pendules à l’heure, on dit ses quatre vérités au narcissique.

Et là, surprise !

Le grand retournement : de tyran à victime

C’est là que ça devient vraiment intéressant (et franchement tordu). Le tyran, celui qui terrorisait tout le monde il y a encore deux minutes, se transforme soudain en… Calimero !

Vous connaissez Calimero ? Ce petit poussin noir qui se plaint tout le temps que c’est « trop injuste » ? Eh bien, notre narcissique devient soudain son sosie spirituel.

« Mais tu sais, moi j’essayais juste de faire de mon mieux… »
« Pourquoi est-ce que tout le monde cherche à m’avoir ? »
« J’essaie juste de faire fonctionner les choses ici… »
« Tout ce que je fais pour toi, et voilà comment tu me remercies… »
« Je suppose que tu ne m’aimes plus, tu ne m’as jamais aimé de toute façon… »

Ça vous prend complètement de court, pas vrai ? Vous vous attendiez à une confrontation, à devoir tenir tête, et voilà que le tyran devient victime en un claquement de doigts.

Le piège de l'empathie

Et c’est là que ça devient vraiment vicieux. Parce que vous, en tant que personne normale et empathique (oui, oui, je vous connais, bande de gentils), vous vous retrouvez complètement désarmé.

Tout d’un coup, vous culpabilisez. Vous commencez à douter. « Peut-être que j’y suis allé un peu fort… » « C’est vrai qu’il/elle fait des efforts… » Et hop, vous voilà en train d’essayer de rattraper le coup, de vous excuser presque.

« Non, mais c’est vrai que je ne voulais pas te blesser… »
« Tu as raison, tu fais beaucoup de choses pour moi/nous… »

C’est exactement ce que le narcissique voulait.

Le tour de passe-passe du narcissique

C’est là que le narcissique montre ses vrais talents de magicien. En un clin d’œil, il a changé de masque. Les rôles sont complètement inversés : vous êtes maintenant le méchant, et lui la pauvre victime incomprise.

C’est un tour de passe-passe émotionnel tellement bien exécuté que Mandrake en serait jaloux. Le narcissique est passé de tyran à victime, et vous, vous êtes passé de victime révoltée à bourreau culpabilisé.

Le plus fort dans tout ça ? C’est qu’en se victimisant, le narcissique agit en fait en tyran. C’est ce qu’on appelle en anglais le « victim bullying » – le harcèlement victimaire. Il joue la victime pour mieux vous tyranniser.

Les variantes du jeu victime-tyran

Attention, ce n’est pas la seule façon dont cette dynamique peut se manifester. Il y a des variantes, et il est important de les connaître pour ne pas tomber dans le panneau.

La tactique de la blague

Une autre tactique classique, c’est quand vous confrontez le narcissique sur un mauvais comportement. Vous lui dites : « Écoute, ce que tu as dit/fait, c’était vraiment pas cool. » Et là, pouf ! Tout se transforme en blague.

« Oh, allez, je plaisantais ! Tu ne sais pas prendre une blague ? »
« Wow, tu prends vraiment la mouche pour rien. »
« Il y a quelqu’un d’autre dans ta vie pour que tu réagisses comme ça ? »

C’est une façon de minimiser leur comportement et de vous faire passer pour quelqu’un de « trop sensible » ou de parano.

L’escalade vers la rage

Mais attention, si vous insistez, si vous maintenez que leur comportement était blessant, préparez-vous. Vous risquez de faire face à une crise de rage narcissique. Le narcissique peut devenir très en colère, très vite.

Et devinez quoi ? Quand vous essaierez d’arrêter cette colère, de calmer le jeu, vous allez retomber sur… le rôle de victime ! « Tu vois comme tu me fais du mal ? Pourquoi tu me pousses comme ça ? »

C’est un cercle vicieux où, quoi que vous fassiez, vous perdez.

Pourquoi est-ce si important de comprendre ça ?

Vous vous demandez peut-être pourquoi je fais tout un plat de cette dynamique. C’est simple : parce que nous, personnes normales et empathiques, on a tendance à tomber dans le panneau. Encore et encore.

On se dit : « Ah oui, peut-être que j’ai été trop dur… » « C’est vrai qu’il/elle fait des efforts… » Et hop, on retombe dans la manipulation. On se retrouve à s’excuser alors qu’on était la victime au départ !

C’est une tactique, une stratégie bien rodée que les narcissiques utilisent. Et il est crucial de la reconnaître pour ce qu’elle est : une manipulation.

Le grand secret du narcissisme

Il faut bien comprendre un truc fondamental : avec un narcissique, rien n’est gratuit.

Rien!

Quand ils sont gentils avec vous, quand ils font des choses pour vous, ce n’est pas par pure bonté d’âme.

C’est une façon de mettre de l’argent en banque émotionnelle. C’est pour avoir quelque chose à vous mettre sous le nez en cas de conflit. « Tu vois tout ce que je fais pour toi ? » « Après tout ce que j’ai fait… »

Chaque geste gentil, chaque faveur, c’est comme un prêt. Et croyez-moi, c’est un prêt avec des intérêts élevés. Ils s’attendent à un retour sur investissement, et ils n’hésiteront pas à vous le rappeler.

Le lien traumatique : le piège ultime

Cette dynamique victime-tyran, c’est en fait une partie cruciale de ce qu’on appelle le « lien traumatique ». C’est la façon dont le narcissique vous retient dans une relation toxique.

Comment ça marche ?

Oh! C’est simple!

C’est simple et terriblement efficace :

1. Le narcissique alterne entre des moments de gentillesse, voire d’amour, et des moments de tyrannie.
2. Vous restez accroché en espérant retrouver les bons moments, les moments où le narcissique était gentil et aimant.
3. Quand le narcissique redevient tyrannique, vous vous dites que ce n’est que temporaire, que la personne gentille va revenir.
4. Et le cycle continue…

C’est un piège émotionnel redoutable. Vous pensez vivre une histoire d’amour compliquée, alors qu’en réalité, vous êtes pris dans un cycle d’abus psychologique.

Comment s’en sortir ?

Alors, comment faire face à cette dynamique victime-tyran ? Voici quelques conseils :

1. Reconnaissez le schéma : La première étape, c’est d’être capable de voir cette dynamique quand elle se produit. Maintenant que vous savez ce que c’est, vous serez plus à même de la repérer.
2. Ne vous laissez pas culpabiliser : Rappelez-vous que c’est une tactique de manipulation. Vous n’êtes pas responsable des émotions du narcissique. À la base, vous n’êtes responsable des émotions de personne. Vous êtes responsable de vos émotions et c’est déjà pas mal.
3. Restez ferme : Une fois que vous avez exprimé une limite ou une critique légitime, ne reculez pas juste parce que le narcissique joue la victime.
4. Gardez votre calme : C’est dur, je sais. Mais essayez de ne pas vous laisser emporter par la colère ou la culpabilité. Restez factuel.
5. Cherchez du soutien : Parlez-en à des amis, à un thérapeute. Avoir un point de vue extérieur peut vous aider à voir les choses plus clairement.
6. Considérez vos options : Si cette dynamique est constante dans votre relation, il est peut-être temps de considérer sérieusement si cette relation est saine pour vous.

La dynamique victime-tyran est l’une des armes les plus puissantes de l’arsenal du narcissique. C’est subtil, c’est efficace, et ça peut vraiment vous retourner le cerveau si vous n’êtes pas préparé.

Mais maintenant que vous connaissez ce mécanisme, vous êtes mieux armé pour y faire face. Rappelez-vous : la connaissance, c’est le pouvoir. Plus vous comprenez les tactiques du narcissique, moins elles ont d'emprise sur vous.

Souvenez-vous: vous méritez des relations saines, équilibrées, où vous n’avez pas constamment à marcher sur des œufs ou à vous sentir coupable d’avoir des besoins et des limites.

Prenez soin de vous, restez vigilants face aux narcissiques! (Cyril Malka)