Parler deux langues protègerait des troubles cognitifs

(22/09-2020) – Non seulement les langues nous permettent de communiquer avec d’autres personnes, en plus elles sont l’outil que nous utilisons pour transmettre nos pensées, notre identité, nos connaissances et elles influencent la façon dont nous voyons et dont nous comprenons le monde.

Maîtriser plus d’une langue nous enrichit, nous offre une passerelle vers d’autres cultures et, selon une équipe de chercheurs dirigée par des scientifiques de l’Universitat Oberta de Catalunya (UOC) et de l’Université Pompeu Fabra (UPF), les utiliser activement nous apporte également des avantages neurologiques et nous protège des troubles cognitifs associés au vieillissement.

Dans un article publié dans Neuropsychologia, les chercheurs concluent que parler deux langues régulièrement — et de l’avoir fait toute sa vie ou la majeure partie de sa vie — améliore la « réserve cognitive » et retarde l’apparition des symptômes associés au déclin cognitif et à la démence.

D’après Marco Calabria,professeur à la Faculté des sciences de la santé de l’UOC et membre du Groupe de recherche NeuroLab cognitif de l’Université et groupe de recherche sur la production de la parole et le bilinguisme, la prévalence de la démence dans les pays où plus d’une langue est parlée est 50% inférieure à celle des régions où la population n’utilise qu’une seule langue pour communiquer.

Des travaux antérieurs avaient déjà montré que l’utilisation de deux langues ou plus pouvait être un facteur clé pour augmenter la réserve cognitive et retarder l’apparition de la démence, tout en offrant des avantages pour la mémoire et les fonctions exécutives.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs voulaient découvrir le mécanisme par lequel le bilinguisme contribue à la réserve cognitive dans les cas de troubles cognitifs légers et d’Alzheimer, et voir s’il existait des différences en termes de bénéfice tiré des différents degrés de bilinguisme.

Les chercheurs ont donc établi une « échelle de bilinguisme » qui allait de personnes qui ne parlent qu’une seule langue, mais qui sont passivement exposées à une autre jusqu’aux personnes qui ont une excellente maîtrise des deux et qui les utilisent sans discernement au quotidien.

Les chercheurs se sont concentrés sur la population de Barcelone, où l’utilisation du catalan et de l’espagnol est très variable, avec certains quartiers à prédominance catalane et d’autres où l’espagnol est la langue principale.

En mesurant le degré de bilinguisme, et l’âge de l’apparition des symptômes et le degré de déficience cognitive (ou non), les chercheurs ont constaté que les personnes ayant un degré plus élevé de bilinguisme recevaient un diagnostic de déficience cognitive légère plus tard que celles qui étaient des bilingues passifs (personnes qui ne parlent qu’une seule langue, mais qui sont passivement exposées à une autre).

D’après le professeur Calabria, le fait de parler deux langues et de passer régulièrement de l’une à l’autre serait lié à d’autres fonctions cognitives comme le contrôle exécutif (qui intervient lorsque nous effectuons plusieurs actions à la fois pour nous aider à filtrer les informations importantes). Ce système est lié au système utilisé pour contrôler deux langues: Il oblige le cerveau à se concentrer sur l’une, puis sur l’autre pour éviter que nous mélangions les deux lorsque nous parlons.

D’après Calabria, ce système pourrait compenser les symptômes dans les maladies neurodégénératives: Lorsque quelque chose ne fonctionne plus très bien à cause de la maladie, le cerveau peut plus facilement s’adapter et basculer sur d’autres systèmes pour résoudre le problème. Ce qui retarde l’apparition des symptômes de troubles cognitifs légers. (Cyril Malka)

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