Ces ‘experts’ qui se la pètent

(23/07-2015) – Des chercheurs à l’université de Cornell ont découvert que beaucoup de personnes qui se définissent comme « experts » se basent souvent sur des informations fantoches et de faux faits. Il s’agit là d’un phénomène qu’on appelle « overclaiming » en anglais (on pourrait traduire cela par « conception exagérée de son savoir », ce qui, en argot, pourrait être traduit par: « se la péter ».

Les résultats de leurs tests ont été publiés dans le journal de l’association des sciences psychologiques: « Psychological Science ».

Le travail effectué par le groupe indique que chacun juge assez mal l’étendue de son savoir et, en gros, que lorsqu’on est expert en la matière, on croit souvent en savoir plus long qu’on en sait réellement.

Afin d’en avoir le coeur net, les chercheurs ont effectué une série de tests.

Dans l’une de ces expériences, les chercheurs ont testé pour voir si les individus qui se voyaient comme experts dans le domaine des finances auraient une tendance à prétendre connaître la définition de mots inventés.

On a demandé à des participants de juger de leurs connaissances dans le domaine de la finance ainsi que leur expertise dans 15 concepts des finances. La plupart de ces concepts étaient réels (par exemple: inflation, élasticité croisée, etc.) mais les chercheurs ont également introduit trois concepts qui n’existaient pas (actions pré-notées, déduction à taux fixe et crédit annualisé).

Comme on pouvait s’y attendre, les participants qui s’étaient jugés comme experts dans le domaine prétendaient également tout savoir sur ces concepts inventés.
Les chercheurs ont constaté la même tendance dans d’autres domaines comme la biologie, la littérature, la philosophie et la géographie.

Dans une autre expérience, les chercheurs ont commencé par avertir les 49 participants que certains des concepts auxquels ils allaient être présentés seraient inventés. Cela n’a en rien empêché les participants qui se voyaient comme experts de prétendre que les concepts de « méta-toxine » et « bio-sexuel » leurs étaient familiers.

Afin de s’assurer si la perception que l’individu a de sa propre expertise était la raison de cette conception exagérée de son propre savoir, les chercheurs ont essayé de provoquer cette compréhension au travers d’un test de géographie.

Les participants ont été partagés en trois groupes: un groupe qui devait remplir un questionnaire très facile sur les villes américaines les plus connues. D’autres devaient remplir un questionnaire très difficile sur des villes américaines pour ainsi dire inconnues et le troisième groupe n’a pas eu de questionnaire.

Les participants qui avaient complété le questionnaire facile se voyaient comme experts et ont eu une forte tendance à se présenter et à se voir comme experts en géographie. Ce qui était loin d’être le cas pour les participants des deux autres groupes.

Ceux qui avaient complété le questionnaire facile, les « experts en géographie » ont plus facilement, dans un autre test, prétendu connaître des villes-fantaisies comme Cashmere en Oregon ou autres.

Ironie du sort: Se croire un expert, ou croire qu’on sait tout, ou presque, sur un sujet empêche l’individu d’acquérir des connaissances sur le sujet.

Le fait de se voir comme expert, ce phénomène de « overclaiming », mène à ce que les individus n’éprouvent pas le besoin d’en apprendre plus (dans les domaines dans lequel ils se considèrent experts), ce qui peut mener à des résultats désastreux.

Ne pas admettre son ignorance dans certains domaines de la finance ou de la médecine peut mener à de très mauvaises décisions aux conséquences catastrophiques.

Les chercheurs continuent à explorer ce phénomène qu’ils considèrent comme important. La grande menace n’étant pas l’ignorance, mais l’illusion du savoir. (Cyril Malka)

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