Sexe : Mesdames, demandez ce que vous voulez !

(11/06-2019) – Être une femme décidée et forte au travail – mais bloquée lorsqu’on doit parler de ce qu’on veut ou de ce qu’on ne veut pas au lit, comment est-ce possible ?

C’est tout simplement parce que la plupart des femmes n’ont pas appris à se voir en tant qu’êtres sexuels et elles ne prennent pas la responsabilité de leurs envies et de leurs besoins.

Les hommes ne peuvent pas lire les pensées, surtout pas lorsqu’on parle de sexe. Il y a déjà suffisamment de choses compliquées dans la vie de tous les jours, il ne faut pas trop en demander. Un homme ne pourra jamais deviner ce que vous désirez.

De plus, beaucoup de femmes croient, à tort, que si elles parlent de leurs envies, l’excitation disparaît.

Aujourd’hui, toujours, on élève les filles avec l’idée que le sexe, c’est quelque chose de nécessaire, c’est physique et les hommes le désirent plus que les femmes. Et de plus, il ne faut pas le faire avec n’importe qui. Qu’un garçon ait beaucoup de petites amies, pas de problèmes, c’est normal. Une fille : C’est une marie-couche-toi-là, une fille facile. Et il est très difficile de se séparer de cette étiquette une fois qu’on l’a.

Dans la France d’aujourd’hui, on a les deux extrêmes : trop libres ou bloquées. Les trop libres sont en fin de compte une des raisons du blocage des autres, car ces dernières ne pensent pas, et n’ont pas envie, de vivre la vie libertine de certaines consoeurs. Le juste milieu a disparu. C’est une tendance humaine d’aller d’un extrême à l’autre en oubliant le juste milieu.

Toujours aujourd’hui, on entend des mythes comme :  » les femmes ont moins besoin de sexe que les hommes « , ou  » c’est un besoin animal pour l’homme, mais romantique pour la femme « .

Aujourd’hui, quelque part, les femmes subissent toujours la sexualité. Le sexe est quelque chose qui vous est fait, plutôt que quelque chose que vous faites.

Il en est de la sexualité comme il en est de beaucoup d’autres choses : il faut apprendre à vaincre son manque de confiance en soi et essayer de faire passer le message sans agresser.

Mais attention ! Même si on a des souhaits, cela ne veut pas dire qu’ils seront exaucés. Être assertive, dans ce cas, est de pouvoir demander ce que l’on désire, et c’est aussi pouvoir et savoir dire non.

Lorsqu’on a un nouveau partenaire, on ne peut bien entendu pas commencer par lui dire  » embrasse-moi ici  » et  » caresse-moi là “ ou “chatouille-moi ici, comme ça ». Surtout pas la première fois, car on est souvent tous les deux un peu empoté. Il y a une période d’essai et il faut attendre que l’on commence à se connaître.

Mais des fois, on peut voir que le petit ami a des lacunes évidentes en anatomie de base pour obtenir le but recherché. Combien de fois, lors d’un cunnilingus par exemple, le petit ami se trouve à un endroit totalement déplacé. On se tortille pour le remettre dans le bon chemin, et il se déplace également afin de rester collé au même (et mauvais) endroit.

Il se peut aussi que le partenaire ait son idée de ce que les femmes aiment ou n’aiment pas de films pornographiques ou de discussion avec les copains… Ce qui est loin d’être une source sûre, puisque dans les deux cas, nous parlons surtout de personnes qui désirent vanter leurs mérites en tant que mâle plutôt que de s’inquiéter de la manière dont cela se passe. Un peu du genre: « Le sexe, c’est bizarre, comme truc. Des fois, ça prend une minute, et d’autres fois, c’est super-rapide”.

Dans les deux cas, il vous faudra, si vous désirez améliorer votre vie sexuelle, en parler avec votre partenaire.

Si vous attendez qu’il comprenne tout seul, vous prenez le risque d’attendre longtemps.

Rien que le fait de parler ensemble peut se développer de manière intéressante. La communication n’a pas besoin de se faire directement. On peut commencer, un soir, par parler des expériences de la nuit passée, et de là, de parler de tout ce qui était bien et (n’utilisez pas “mais » ! Utilisez “et” ) de ce qui pourrait pimenter un peu les choses. Par exemple… Et venez-en à vos désirs.

Maintenant, il se peut très bien que vous ne sachiez pas vraiment quels sont vos désirs et vos envies. Où trouver de l’inspiration ? Lire des nouvelles ou des livres érotiques est un bon début. Les films pornographiques sont généralement une mauvaise source d’inspiration. Il n’y a généralement pas d’histoire et les films pornos étant conçus pour les hommes (et pour la plupart faits par des hommes), ce n’est généralement pas là que l’on pourra y trouver de l’inspiration.

Il vous faudra, de temps à autre, prendre l’initiative. Encore une fois, il ne serait pas logique d’espérer que monsieur ait des dons de médium et puisse deviner vos besoins et vos envies.

Les hommes ratés

Le problème de beaucoup de femmes est qu’elles n’apprennent pas à devenir des femmes, mais ce qu’on pourrait appeler des « hommes ratés ». C’est là que se trouve le blocage principal. Comment est-ce qu’une femme peut savoir ce qu’elle désire et ne désire pas si elle ne s’accepte pas en tant que femme ? La femme du troisième millénaire est une étrangère à soi-même. Elle a du mal à retrouver son identité.

Les batailles des années soixante et soixante-dix ont surtout parlé de la libération de la femme : la femme comme l’homme. Égale, en droit, oui, tout à fait. Mais l’égale, comme  » la même chose « , non, cela ne fonctionne pas. La femme a placé l’homme comme l’idéal : on veut le même travail, les mêmes rémunérations, les mêmes possibilités, les mêmes choses, les mêmes envies, les mêmes… Comme si nous parlions d’un idéal auquel arriver.

De cette façon, la femme ne devient jamais femme, mais  » un genre d’homme « , qui n’en est pas un.

C’est pour cette raison qu’il est important que les femmes apprennent à être femmes et à reconnaître leur nature avec ses côtés forts et ses côtés faibles. Seulement en se connaissant en tant que femme, on saura ce qu’il faut y faire, ce qu’il faut améliorer, ce qu’il faut accepter. Pas pour devenir autre chose, mais afin de devenir soi-même.

Cela ne veut bien entendu pas dire que l’on doit devenir la  » la femme de maison parfaite « . Ceci n’est souvent qu’une manière de se valoriser.

Mais il est important de réviser cette conception que les femmes qui sont conscientes de leur sexualité sont des filles faciles. C’est surtout ce point de vue qui complique les choses lorsque madame voudrait dire à monsieur qu’elle ne désire pas (ou surtout qu’elle désire !) certaines choses. Il est difficile d’être femme et amante à la fois sans risquer de tomber dans l’un des deux pièges : la femme honnête, qui finit asexuée, ou l’amante qui risque de perdre le respect.

Il est important de comprendre que la sexualité est une partie de soi et non une fleur attendant d’être cueillie par le prince charmant duquel il faudra attendre le bon vouloir et qu’il trouve, par hasard le point G ! Et que le jour où il le trouvera, il faudra se souvenir de gémir bien haut afin de lui faire comprendre que c’est là que ça se passe !

La part de soi

Il faut prendre plaisir à sa sexualité pour soi-même et non pour satisfaire l’autre. Il est capital de se rendre compte qu’on a le droit d’exprimer ce que l’on préfère et de faire comprendre à son partenaire qu’on aimerait avoir une autre stimulation. On désire qu’il fasse autre chose.

Dire les choses de manière assertive veut dire qu’on prend la responsabilité de ses envies, de ses besoins. Surtout, qu’on utilise  » je  » lorsqu’on parle. Il est important d’éviter les phrases indirectes.

Si vraiment la vie sexuelle n’est pas satisfaisante, une manière assertive de le dire serait : « – Je trouve frustrant que tu te mettes au lit, que tu tires ma chemise de nuit, que tu joues avec chaque téton pendant huit secondes et après avance et recule pendant cinq minutes jusqu’à ce que tu viennes. Je préférerais que nous ayons plus de temps pour nous, disons un quart d’heure après le dîner. On pourrait peut-être parler un peu de certains sentiments et de choses que nous pouvons faire l’un pour l’autre. J’aimerais te montrer des choses intéressantes sur mon corps et parler de comment nous pourrions faire afin que ce soit plus excitant pour toi et pour moi. »

Renforcer les côtés positifs, retravailler les côtés négatifs de sa personnalité et vivre sa sexualité. Ces trois principes amélioreront beaucoup votre vie de tous les jours. À partir du moment où vous prenez plaisir au sexe vous savez que vous le faites pour vous.

Cela ne veut pas nécessairement dire  » avoir un orgasme « . L’orgasme est trop monté en épingle par la publicité et donne l’impression qu’une femme ne pouvant pas avoir un orgasme n’est pas une vraie femme (de plus, elle risque de vexer son partenaire ou d’être considérée comme frigide).

Le fait est, prouvé par plusieurs analyses, que la plupart des femmes n’ont pas d’orgasme. De même, la majorité des femmes est plus excitée par une stimulation du clitoris plutôt que du vagin. Malheureusement, la pub qui a été faite par les femmes multi orgasmiques a fait beaucoup de mal à la gent féminine. Physiologiquement, lorsque nous parlons des femmes multi orgasmiques, nous parlons d’une minorité qui a fait tellement de pub, qu’on croit en une majorité.

Il est temps que les femmes comprennent qu’elles ont le droit d’avoir une sexualité. Qu’une sexualité veut également dire qu’on a parfaitement le droit de dire à son partenaire que l’on désire telle ou telle stimulation, et qu’on a parfaitement le droit d’avoir une sexualité satisfaisante, orgasme ou pas.

Il est également aussi important de comprendre que la sexualité est deux choses, 1) une envie et 2) un besoin.

C’est un besoin physiologique et psychologique, soit. Sans sexe, plus d’humanité, cela va donc de soi. Mais la s’arrête la conception de “besoin »

Si monsieur a certaines envies, cela ne veut pas dire que ce sont des besoins et vous n’êtes pas obligée de les satisfaire. Surtout aujourd’hui, avec l’inspiration assez rude de la pornographie, il faut comprendre que même si monsieur a envie d’essayer quelque chose, cela reste une envie et ce n’est pas un besoin que vous êtes obligée de satisfaire.

Une question d’équilibre

Bien sûr, dans la sexualité, tout comme dans toute relation, il faut prendre et donner. De temps à autre, on donne plus pendant un temps, puis on change, c’est une question d’équilibre. Il se peut que l’on accepte certaines pratiques que l’on n’aime pas particulièrement et puis on change.

Encore une fois, il est bon de rester dans le juste milieu. Bien sûr, on peut faire des choses qui ne vous emballent pas trop, mais il ne faut pas accepter de faire des choses que vous ne voulez pas accepter ou que vous trouviez gênantes ou humiliantes.

Maintenant, si votre partenaire vous propose quelque chose qui ne vous attire pas, il ne faut, bien entendu, pas répondre un truc du genre : Beurk ! C’est dégoûtant ! Hors de question ! Où vas-tu chercher ce genre de truc ? Etc.

Plutôt quelque chose du genre : – non, cela ne m’attire pas tellement et je n’ai pas envie d’essayer. Par contre, ceci/cela serait peut-être plus intéressant/excitant…

Il est bon d’avoir une autre solution ou une autre possibilité sous la main.

Le dialogue reste le centre de la vie de couple que ce soit au lit ou hors du lit.

Il va peut-être être déçu, c’est normal, mais on ne peut pas avoir une relation sans se décevoir l’un et l’autre de temps à autre.

Si une certaine pratique sexuelle qui ne vous attire pas est vraiment le point central de la relation, ceci risque fort bien de détériorer votre vie de tous les jours. Non à cause de la sexualité, mais à cause de cette limite qui fait que vous sentez votre personne violée à intervalle régulier. Ceci ne peut que démolir votre vie de couple.

La clef d’une vie sexuelle réussie, avec ou sans partenaire, est d’être responsable de sa vie.

C’est se dire : je mérite d’être aimée par quelqu’un et je mérite d’être bien traitée et je continuerai à chercher mon prince sur son blanc destrier tout en prenant plaisir à des expériences sexuelles agréables.

Sans aller d’homme en homme, on n’a pas besoin d’entrer en couvent pour autant. (Cyril Malka)

© Cyril Malka – 2001-2014-2019 –  Article retravaillé depuis un article et une interview pour le magazine danois Alt for Damerne (Tout Pour Mesdames) numéro 34 – le 23 août 2001

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